Guindo Abdoulaye

Référendum au Mali: un vote en violation de la constitution

A la suite de la dernière rencontre entre le ministre de l’Administration territoriale et les partis politiques, tenue le mercredi 31 mai 2017, la date du referendum pour la révision de la Constitution malienne a été fixée au 9 juillet 2017.Par ailleurs, le vendredi 2 juin, l’Assemblée nationale a adopté le projet de nouvelle Constitution par 111 voix pour et 35 contre, les élus de l’opposition ayant voté contre le texte.

Référendum au Mali: un vote en violation de la constitution

Après deux tentatives avortées de révision (sous les présidents Alpha Oumar Konaré en 2001 et Amadou Toumani Touré en 2012), cette énième tentative pourrait bien aboutir; en tout cas, elle est exigée par les accords de paix signés entre le gouvernement et les groupes armés du nord sous l’égide de la communauté internationale. Ces accords prévoient des réaménagements législatifs et constitutionnels pour prendre en compte les exigences des groupes armés qui, faut-il rappeler, règnent sur les deux tiers du territoire national.

Référendum illégal

Si le gouvernement organise le référendum dans le contexte actuel, ce sera sans doute en violation de la Constitution en vigueur. En effet, l’article 118 de cette Constitution stipule clairement qu’« aucune procédure de révision constitutionnelle ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire national ». Or, tout le monde sait que la majeure partie du nord et du centre échappe au contrôle du gouvernement malien. Mais celui-ci a-t-il vraiment le choix? Ce n’est pas du tout sûr. Il va donc tenir un référendum avec, sous la gorge, le couteau des rebelles et de la communauté internationale. Une situation dramatique que, justement, la Constitution de 1992 voulait éviter à travers son article 118…

Référendum illégitime

Du fait que les populations du nord seront d’office écartées du vote référendaire, celui-ci perd l’essentiel de sa légitimité puisque le nord représente deux tiers du territoire national. Le référendum lui-même a pour principal objectif de faire adopter une Constitution destinée à régir les problèmes du nord. L’amère vérité est qu’aujourd’hui, le Mali est un pays divisé de fait. Quelques exemples le démontrent:

Nord occupé. Le septentrion malien est, à l’exception des capitales régionales, sous la coupe des groupes narco-terroristes et des rebelles de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA).

– Kidal, capitale des rebelles de la CMA, est interdite à l’Etat malien depuis 2012.

– Déjà à 45 km de Gao et de Tombouctou, on constate une absence totale de l’administration malienne.Là règnent la CMA et les groupes terroristes liés à AQMI.

Centre occupé. Le gouvernement a perdu le contrôle de la plupart des localités du centre au profit des terroristes d’Iyad Ag Ghali et d’Amadou Kouffa, affiliés à AQMI. L’absence de l’administration malienne oblige, bien évidemment, les populations locales à se mettre aux ordres des terroristes.

-Entre Douentza, Nampala, Léré et Diabaly, les carnages récurrents qui frappent les soldats maliens  font de cette partie de la région de Mopti un fief de l’ennemi.

– toute la commune de Dialloubé, dans la région de Mopti, vit sous le contrôle quotidien des terroristes depuis 2 ans. A Saba, un village de la commune, les écoles sont fermées depuis belle lurette et la seule loi en vigueur est la « charia » (version terroriste). Le 24 mai, un homme s’y est fait amputer la main pour vol.

-Le village de Barigodaga, situé sur les berges du fleuve Niger à seulement 10 km de Mopti, est contrôlé par les hommes d’Amadou Kouffa, chef du Front de Libération du Macina. Quand les terroristes y sont arrivés il y a quelques mois, ils ont chassé les gendarmes  sans coup férir et, depuis, se comportent en terrain conquis.

– La localité de Nantaka, située à quelques kilomètres de Mopti, est sous le contrôle total des terroristes.

– Il n’y a pas d’Etat à partir de 15 km du chef-lieu de cercle de Téninkou: les localités voisines de Dioura, Djondiori, Tokorocoumbé, Diafarabé, Tounkoura, Malemana, Sossobe et autres vivent sous régime terroriste. Pour les traverser, il faut se faire fouiller par les terroristes armés qui, au nom de la charia, obligent les hommes à se séparer des femmes. Seuls 10 sur des 93 écoles de la commune de Téninkou sont ouvertes, les terroristes ayant fermé les autres et brûlé les bancs. Dans certains villages de la zone, la justice est rendue par des chefs traditionnels qui, lorsqu’ils condamnent un malfaiteur, se débrouillent pour le remettre aux autorités maliennes installées jusqu’à Mopti.

– Dans le cercle de Youwarou, région de Mopti, les terroristes font la loi dans la plupart des communes et villages. Il y a une sem!aine, ils ont mis le feu aux écoles et interdit l’enseignement du programme officiel malien.

– Même constat dans la majeure partie du cercle de Macina, surtout vers l’Est. Monepebougou est un exemple : aucune autoritré malienne ne met le pied dans ce village où les terroristes tuent sans sommation tout homme en uniforme…

En réalité, la plupart des localités du nord et du centre ne sont pas occupées physiquement par les groupes terroristes; ils y exercent plutôt une surveillance lointaine appuyée par des patrouilles inopinées qui se soldent par le massacre des soldats maliens.  Que se soit au nord ou  au centre, les groupes armés et terroristes ont empêché l’organisation des dernières élections communales. Ces élections n’ont pu se stenir dans 59 communes du Mali! Ces communes se situent toutes au nord et au centre, en proie à l’insécurité. De la date de ces communales à nos jours, la situation sécuritaire s’est plutôt aggravée. Alors, comment le gouvernement pourra-t-il organiser un référendum crédible dans ces conditions ? Il faut enfin garder à l’esprit que la Constitution du 25 février 1992 est un symbole avant d’être une loi. Elle incarne les combats héroïques menés par le peuple malien tout entier pour la liberté et le prospérité. Elle ne saurait être révisée pour faire plaisir à des groupes armés.

 


Mali : la petite albinos disparait, le pilon magique parle et la ville s’embrase

Le jeudi 27 avril 2017, les élèves de  M’Pessoba, localité située à 45 km de Koutiala, en 3ème région du Mali,  ont saccagé le poste de gendarmerie de la localité, la mairie et plusieurs autres endroits. Les manifestants motivent leur acte par le silence coupable des autorités dans une affaire de disparition d’une fillette albinos en début d’avril 2017.

la petite albinos disparait, le pilon magique parle et la ville s’embrase

Disparition de la petite Albinos

En effet, c’est depuis cette date que Wassa Coulibaly, âgée de 6 ans et albinos est portée disparue. Ses parents alertent les autorités mais l’enquête piétine et ils s’impatientent. Les populations s’invitent alors dans le dossier. Selon, elles, les autorités négligent l’affaire Wassa. Alors pour mettre la pression sur les autorités, les femmes de M’Pessoba organisent une marche de protestation. Elles demandent la diligence de l’enquête concernant ce qu’elles appellent la disparition de leur fillette Wassa.

Le pilon magique parle

Malheureusement, les choses continuent à trainer. C’est ainsi que les parents décident de passer par le mystique pour tirer l’affaire au clair. Ils se confient au pilon magique du village. Ce pilon, selon la légende, à le pouvoir de dénoncer les personnes coupables de tout type de délit. Les gardiens du pilon, après leurs cérémonies mystiques, voient la main d’une certaine Aminata Coulibaly derrière la disparition de la pauvre Wassa. Immédiatement, la nouvelle atterrit sur la table du commandant de la brigade du coin. A ce dernier, les populations exigent d’arrêter séance tenante la nommée Aminata Coulibaly. Mais le CB refuse de donner une suite positive à cette requête. Les populations se fâchent et demandent au maire Kalifa Coulibaly de faire tout pour mettre Aminata Coulibaly hors état de nuire. Le maire aussi refuse et exige de la population la confiance à la justice à qui revient le travail.

La ville s’embrase

L’affaire est ainsi portée devant le tribunal de grande instance de Koutiala. Le juge d’instruction, chargé de l’affaire fait comprendre aux plaignants que la nommée Aminata ne saurait être considérée comme coupable sur la base de dénonciation d’un pilon, fut-il, magique. Cependant, le juge promet de mener les enquêtes pour trouver le coupable de la disparition de la petite Wassa. Cette décision du juge n’a apparemment pas été du goût de la population. En effet, deux jours après cette décision du juge, c’est à dire le 27 avril, les élèves, à la suite de leurs mères, descendent dans les rues pour manifester. La gendarmerie intervient et les choses se gâtent. Le domicile du maire, les locaux de la mairie, le poste de garde de la gendarmerie et le domicile de la présumée coupable partent en fumée.

Plusieurs personnes interpellées

Le procureur de la république de Koutiala ouvre une enquête. La gendarmerie procède à plusieurs interpellations. Parmi, les personnes interpellées figurent le nommé Seydou Coulibaly, directeur de la radio M’Pewo. Il lui est reproché d’avoir incité à la violence. Plusieurs autres interpellés que nous avons pu rencontrer dans les locaux de la gendarmerie accusent  certains gendarmes de les avoir torturés. « Ils nous ont même obligés de boire de l’alcool après qu’on ait été aspergé d’alcool » ont-ils ajoutés. Ils se disent tous innocents et restent convaincus qu’ils n’iront pas en prison sur la base de simples suspicions.  Voici, une occasion pour les associations de défense des albinos de montrer leurs muscles dans un pays où, le sacrifice de l’albinos est considéré comme un moyen de réussite.

La situation des Albinos au Mali

Au Mali, tout comme dans bien d’autres pays africains, les albinos sont parfois victimes de meurtres et d’enlèvements mystérieux liés à des croyances ancestrales. Une fois tués, des parties entières de leur corps sont enlevées ou découpées en morceaux, pour servir d’offrandes à des sorciers, à des prétendus djinns. D’autres parties sont utilisées pour préparer des potions vendues à des hommes d’affaires ou politiques. Dans certaines croyances d’une autre époque, on raconte que «boire ce liquide rendrait riche et beau pour l’éternité…Cependant, au Mali, il n’existe pas de statistiques fiables sur le nombre d’Albinos qui disparaissent par an.  La longue lutte des associations de défense du droit des albinos, notamment  celle dirigée par le célèbre chanteur Salif Keita, la superstition tend à disparaitre  au Mali.

 

 


Mali: Reconnaissance politique de l’Azawad ou la guerre !

Prévue par l’article 5 de l’Accord pour la paix et réconciliation, la Conférence d’entente nationale, fut considérée comme un forum où les enfants du pays identifieront et régleront leurs différends. Mais, comme, elle a été un grand échec. En effet, les travaux se sont clôturés, dimanche, sur le refus catégorique des participants de reconnaître le mot « Azawad » et sur la menace de la Coordination des Mouvements Armés (CMA) qui fait de cette reconnaissance une condition sine qua non du retour de la paix au Mali.

l’Azawad ou la guerre !

Le nom « Azawad » rejeté à l’unanimité des participants

Après trois jours de  débats acharnés, le terme « Azawad », si cher à la CMA, a été rejeté par tous les membres de la commission, à l’exception des représentants de la CMA. Selon certains membres de la commission, « ce mot fâche et doit être exclu des débats ». Pour d’autres « l’Azawad fait référence à une entité géographique et culturelle et il est hors de question de lui donner un contenu politique ou institutionnel ». Les représentants de la CMA, eux, restent sur leur position; à leur entendement, l’Azawad est une entité géographique, politique et culturelle et couvre les régions du nord-Mali.

Le blocage devenant persistant, la CMA change de stratégie. Elle propose que les discussions sur le mot « Azawad » soient réservées aux seuls ressortissants du nord-Mali. Refus catégorique des représentants de Gao et de Tombouctou. Ils lancent tous dans la salle: « Il faut bannir le mot « Azawad ». Tant que le mot « Azawad » reste dans le langage et que des gens estiment qu’il y a une région qui doit s’appeler « Azawad », le problème du Mali ne sera pas réglé ! ». Même son de cloche au niveau des représentants de la région de Gao qui disent rejeter le mot « Azawad »: « Nous préférons que notre région s’appelle Cité des Askia ».

La CMA passe aux menaces

En dépit de ce rejet du nom « Azawad », la CMA ne s’avoue pas vaincue. Elle hausse, au contraire, le ton. Lors de la validation du rapport final de la Conférence d’entente nationale, le porte-parole de la CMA, Almou Ag Mohamed, annonce dimanche dans la salle: « Tant que le mot Azawad ne sera pas reconnu, il n’y aura pas de paix! ». Cette menace gravissime mais claire est reprise par Bilal Ag Cherif, secrétaire général du Mouvement national de libération de l’Azawad, sur son compte Twitter: « Nous ne saurions parler d’entente sans l’atteinte d’un consensus sur le statut politique de la région de l’Azawad ».

La CMA fait changer le calendrier de la Conférence

Sachant qu’elle n’obtiendra pas gain de cause en public, la CMA obtient du gouvernement un réaménagement du calendrier et des termes de références de la Conférence. Dans un communiqué, la CMA annoncé  avoir obtenu, sous l’égide de la médiation internationale, le report de la date de clôture de la Conférence prévue pour le 2 avril. « Il ne faut pas bâcler la conférence. Il faut prendre le temps nécessaire », explique Mohamed El-Maouloud Ramadane de la CMA. D’après lui, c’est le « premier round » des discussions qui prendra officiellement fin le 2 avril, mais les débats se poursuivront sous une nouvelle forme, notamment sur le mot « Azawad ». En clair, la Conférence prend officiellement fin le 2 avril mais les débats se poursuivront à huis clos entre la CMA, le gouvernement et la médiation internationale. En attendant ces débats à huis clos, la CMA refuse de signer le principal document qui devait sanctionner la Conférence d’entente : la Charte nationale pour la paix et la réconciliation. Puisque la question de l’Azawad n’est pas tranchée, le président Ibrahim Boubacar Keita a annoncé la mise sur pieds d’une commission d’experts chargée d’étudier le vocable « Azawad » qui « ne fait pas consensus ». Pourquoi des experts pour étudier une notion rejetée par l’écrasante majorité de la Conférence ? Comme s’il lisait dans les pensées des uns et des autres, le président IBK se hâte d’ajouter que le Mali reste un et indivisible.

 


Boycottée de toutes parts, la conférence d’entente a-t-elle encore de l’intérêt?

Prévue par l’article 5 de l’Accord pour la paix et réconciliation, la conférence d’entente nationale s’ouvrira, en théorie,  ce lundi 27 mars 2017 à Bamako. Elle est censée être organisée durant la période dite intérimaire pour débattre, entre autres, de la problématique de l’Azawad (le vocable, son sens politico-social), des moyens de solutionner la douloureuse crise du nord, des doléances des différentes composantes du pays et de la promotion d’une véritable réconciliation nationale. Le problème, c’est que le gouvernement n’arrive pas à la tenir avec le concours de tous les acteurs, ni même d’un minimum d’acteurs. Les principaux acteurs de la crise annoncent qu’ils ne seront pas du rendez-vous. Si les groupes armés de la CMA (rébellion) et de la Plateforme (milices d’autodéfense pro-Mali) ont décidé de boycotter les assises, d’autres comme les associations culturelles Ginna Dogon, ont été purement et simplement oubliées.

la conférence d’entente

   Préparatifs

Pourtant, le président de la Commission d’organisation, Baba Hakib HAIDARA, croyait avoir fait du bon travail. Lors d’une récente rencontre avec les diplomates européens, il a fait le bilan des préparatifs. Selon lui, des  rencontres ont eu lieu avec les responsables des partis de l’opposition qui l’auraient assuré de leur volonté de prendre part à cette rencontre, sans cependant dire clairement s’ils y participeront ou pas.  Il a précisé qu’un seul parti de l’opposition (il n’en a pas dévoilé le nom), a déclaré rejeter l’Accord de paix ainsi que la Conférence d’entente nationale.  Haidara dira que des rencontres ont aussi eu lieu avec les centrales syndicales dont trois se sont inscrites dans la dynamique de la Conférence. Mais la CSTM, l’une des deux plus grandes centrales syndicales (après l’UNTM), a souhaité rester à l’écart de la Conférence. « Le travail de sensibilisation, a poursuivi Haidara, s’est poursuivi auprès de la société civile, des femmes, des jeunes, des notabilités traditionnelles et religieuses qui ont adhéré à l’initiative ». Toujours selon Baba Hakib Haidara, les représentants des groupes armés se sont inscrits dans la dynamique de la Conférence d’entente. Mais le président de la Commission d’organisation vient d’être démenti par les événements  puisque la plupart des acteurs ont dit non à toute participation la Conférence.

Refus des groupes armés

La Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) et la Plateforme des mouvements d’autodéfense ont décidé de ne pas prendre part à la rencontre. Ces groupes armés l’ont fait savoir le dimanche 19 mars à travers une correspondance conjointe adressée au Président du Comité de Suivi de l’Accord. Dans cette correspondance, ils disent avoir été informés très tardivement de la tenue de la conférence d’entente. « Cette date a été fixée unilatéralement par le gouvernement, sans accord préalable des autres parties », indique le document signé par Harouna Toureh de la Plateforme et Sidi Brahim Ould Sidatt de la CMA.

Les responsables des groupes armés dénoncent le fait d’avoir été tenus à l’écart de la rédaction des Termes de référence (TDR) de la Conférence. Ils jugent inadmissible de n’avoir pas été associés à la réflexion menée en amont par la partie gouvernementale. « Ce n’est que très récemment que des TDR nous ont été remis et que nous avons pu  apporter une très modeste contribution par le biais de quelques observations », précise la correspondance.

En outre, selon les groupes armés, les Autorités Intérimaires n’ont pu encore être mises en place au niveau des régions de Tombouctou et de Taoudeni. Le cantonnement des combattants n’est pas effectif et la sécurité n’est nulle part assurée. Pour eux, il s’agit là des préalables à la tenue de la Conférence d’entente.

Les groupes armés dénoncent aussi la timidité des concertations dans le cadre des préparatifs de la Conférence. « A titre d’exemple, la région de Kidal n’a pas été concernée par cette démarche. La problématique de l’Azawad, qui aurait du être discutée comme prévu dans l’Accord, n’a été à aucun moment abordée avec les populations concernées »,  indique la correspondance conjointe.

Cette position de refus des groupes armés a été réaffirmée par eux le 24 mars 2017 dans un communiqué. Dans ce communiqué, ils martèlent que la tenue Conférence à la date prévue par le gouvernement « consacrerait davantage la désunion, qui partout menace nos efforts d’apaisement, plutôt qu’elle ne consacrerait le retour à la concorde nationale ».

Le niet de l’opposition politique

Malgré les assurances du président de la Commission, l’opposition n’ira pas à cette Conférence. Dans une déclaration signée du chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, les partis de l’opposition rejettent la Conférence. Ils déclarent avoir toujours rappelé que l’Accord d’Alger n’est pas un bon accord car il comporterait les germes d’une partition du pays; que l’existence de l’Accord ne doit pas occulter la situation sécuritaire inquiétante dans le nord et le centre du pays; et que la résolution de la crise requiert le dialogue entre les différentes composantes de la nation. Pour les partis de l’opposition, la campagne de sensibilisation gouvernementale autour de cet Accord n’a eu aucun effet bénéfique pour le pays. Ils estiment, par ailleurs, que la Conférence apparaît comme une manœuvre pour faire entériner de facto l’AZAWAD comme une réalité politique, géographique et socio-culturelle. Ainsi,  l’opposition « réaffirme que la seule solution pacifique viable et inclusive de résolution de la crise multiforme que connaît notre pays passe par la tenue d’UNE CONCERTATION NATIONALE INCLUSIVE regroupant l’ensemble des forces vives de la nation autour des problèmes institutionnels, de défense, de sécurité, de gouvernance et de développement ». L’opposition propose donc en lieu et place de la Conférence d’entente, une concertation nationale.

La diaspora dit non

Le Collectif des Maliens de France a lui aussi décidé de s’opposer à la Conférence d’entente nationale. Il l’a fait savoir au cours d’un sit-in devant l’ambassade du Mali à Paris. Lors de ce sit-in, il a dénoncé  le caractère non inclusif et inopportun de la Conférence, les dérives du processus de paix et les insuffisances de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Etaient présentes les associations suivantes : APSM, APM, ADVK, BFM, CADERCAF JUNIOR, COLLECTIF CITOYEN MALI, COLLECTIF MAINS PROPRES, CMFPAIX, CNJMF, CONVERGENCE NORD-SUD, DYNAMIQUE DES FOYERS, EJM, GAO-LAMA, MDDM, SONGHOY-GANDA.

Les grands oubliés

Certaines associations représentant diverses communautés maliennes n’ont pas été associées à la tenue de la Conférence d’entente. Ainsi, l’association culturelle « Ginna Dogon », qui parle au nom de tous Dogons du Mali , n’a pas été consultée ni, encore moins, invitée à prendre part à la rencontre. Il est de même de l’association « Tapital Pulaku », pourtant très en pointe depuis 2012 sur tous les sujets qui touchent au nord et au centre du Mali et qui rappelle que les Peulhs paient le plus lourd tribut à la crise.

Le gouvernement garde espoir

En tout état de cause, le gouvernement maintient la date prévue. Il espère que les différents  acteurs révoltés feront machine arrière. Mais que faudra-t-il attendre de bon d’acteurs venus malgré eux à un débat d’une telle dimension ?

 


Mali : portrait de la première femme conductrice de gros camions

Les Maliennes sont de plus en plus nombreuses à travailler. Depuis longtemps majoritaires dans certaines professions (enseignantes, infirmières, assistantes sociales, juges …), elles commencent aussi à investir des métiers jusqu’ici exclusivement masculins. A l’occasion du 8 mars, journée internationale de la femme, je rends hommage à une femme, qui a choisi un boulot d’homme. Elle est d’ailleurs la première dans ce domaine en République du Mali. Nonsondi Baté, a su s’imposer comme conductrice de gros camion au sein de la société de fabrication d’engrais « Toguna Agro-Industrie ».

Portait de la 1ère femme conductrice de gros camions

Qui est cette dame ?

Née dans la ville de Kayes, chef lieu de la 1ère région administrative du Mali, Nonsondi Baté est âgée de 33 ans. Comme la plupart des jeunes filles au Mali, Nonsondi n’est pas inscrite à l’école. Elle est utilisée à la maison pour cuisiner, ranger, nettoyer ou garder les plus jeunes. A 16 ans, elle est mariée sans son consentement. Ce mariage ne fait pas long feu, car Nonsondi Baté divorce 4 ans après. Ne sachant ni lire et écrire, elle décide d’apprendre la mécanique.

Son parcours de conductrice

Après quelques mois d’apprentissage de la mécanique, elle décide de se lancer dans cette aventure de conductrice. Ainsi, elle est acceptée comme apprentie chauffeur de camion. Au cours de cet apprentissage, elle est chargée avec d’autres hommes du déchargement du camion, après chaque voyage. A l’issu de 2 ans d’apprentissage, Nonsondi a son permis de conduire. Elle arrive à se faire recruter par un transporteur de la région de Kayes. En charge d’un mini camion de 10 tonnes, notre brave dame parcours chaque semaine l’axe Kayes-Conakry ou Kayes-Nouakchott.

L’arrivée à Bamako

Quelques années après, c’est-à-dire en 2012, elle pose ses valises à Bamako. Elle est recrutée par la société de distribution d’hydrocarbure « Ben and Co ». Elle est affectée au garage de l’entreprise et a en charge, le dépannage des camions citernes. En 2015, Nonsondi Baté apprend que la société de fabrication d’engrais « Toguna Agro-Industrie » recrute des conducteurs de gros camions. Voulant coûte que coûte conduire, elle postule. Au même titre que les hommes, elle prend part au test de recrutement. Elle est déclarée apte à conduire les camions poids lourds, donc recrutée.  Depuis, 2015, elle est conductrice de camions dans la société « Toguna »

La vie au foyer

S’étant remariée, Nonsondi Baté est mère de 2 enfants. Parvient-elle à trouver l’équilibre entre sa famille et son boulot ? « Si une femme a l’amour de son travail  et bénéficie du soutien de la famille, des amis et collègues de travail, elle peut parvenir à cet équilibre ». Soutenue par son nouveau mari, qui est aussi conducteur de gros camions, elle invite le maximum de femme à pratiquer son métier car pour elle, ce n’est pas un métier pour les hommes seulement.


Répartition des autorités intérimaires: l’Etat malien se fait rouler dans la farine

Samedi 11 février 2017, le  Comité de Suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation (CSA) a tenu une réunion de haut niveau. Elle avait pour but d’établir le nouveau calendrier pour l’installation des autorités intérimaires et des patrouilles mixtes. Lors de la rencontre, il a été décidé d’installer les autorités intérimaires du 13 au 20 février 2017. Quant aux patrouilles mixtes, elles doivent démarrer le 20 février 2017à Gao, le 28 février 2017 à Kidal, et une semaine plus tard à Tombouctou. Rappelons que les autorités intérimaires ont pour mission de gouverner les localités qui leur sont confiées jusqu’aux futures élections communales et régionales dans le septentrion malien. Dans le cadre de leurs fonctions, elles répondent de toutes les prérogatives de la puissance publique.

Ainsi donc, la gestion administrative des régions a été répartie entre les autorités intérimaires comme suit: la région de Tombouctou est attribuée aux représentants de la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad) et la région de Gao aux autorités intérimaires désignées par la Plateforme (milices pro-Mali). Fort curieusement, la gestion de  la région de Kidal a été confiée au… gouvernement malien alors qu’il ne peut y mettre les pieds !

Lors de la réunion, l’ambassadeur d’Algérie au Mali, par ailleurs chef de file de la Médiation internationale, a commis un lapsus très révélateur de la confusion qui règne au nord. Ce diplomate s’est « réjoui que les groupes armés et le gouvernement se soient entendus sur le partage des régions nord ». Il a fallu que le Représentant Spécial du Secrétaire Général et Chef de la MINUSMA, M. Mongi Hamdi, corrige l’ambassadeur en soulignant que les groupes armés et le gouvernement malien se sont entendus sur « la gestion des régions du nord et non sur le partage desdites régions ».

Refus catégorique des jeunes de Gao

Tout compte fait, le nouveau planning et la nouvelle répartition des pouvoirs réveillent la colère des jeunes de Gao. Ces derniers font une sévère mise en garde à travers  un communiqué rendu public, le mercredi 15 février 2017, sur le site « Gao Infos ». Ce texte signé d’Abdel Kader Maiga, un de leurs leaders, dénonce de manière particulièrement virulente l’installation programmée des autorités intérimaires et l’attribution de zones de gestion à la CMA,  que les jeunes de Gao qualifient de « conglomérat de malfrats ». Selon le communiqué, l’installation des autorités intérimaires consacrera« la partition du pays ». D’autant qu’elle intervient avant la conférence d’Entente nationale censée définir d’accord commun la mise en œuvre des accords de paix. Au reste, s’interrogent bruyamment les jeunes, pourquoi installer des autorités intérimaires « à deux mois des élections régionales » ? Enfin, les jeunes se demandent « pourquoi les patrouilles mixtes ne commencent pas par Kidal qui renferme tous les ennemis armés du Mali » ?  Le communiqué conclut: « Nous continuons à rejeter en bloc (les autorités intérimaires) car (elles)  soumettent la vaste majorité des populations du Nord à la domination des groupes armés dits de « l’Azawad », un pays chimérique qui ne figure dans aucun livre d’histoire ni de géographie… Nous sommes déterminés à nous battre jusqu’à notre dernière goutte de sang pour conserver notre héritage culturel et historique…Nous refusons d’être administrés par la CMA et la Plateforme car elles n’ont aucune légitimité historique et géographique pour le faire. Seules des autorités issues du suffrage universel sont habilitées à le faire. Nous ne nous soumettrons donc à aucune Autorité qui n’est pas l’émanation du suffrage universel dans les régions du Nord, à Gao notamment ».

L’Etat floué

Il y a lieu de craindre que l’installation des autorités intérimaires ne suscite des mouvements de foule à Gao comme ce fut le cas le 12 juillet 2016. Mais il y d’autres interrogations. En effet, la répartition des autorités intérimaires affecte la gestion de Kidal à l’Etat du Mali.Il y a là quelque qui cloche car tout le monde sait que l’administration et les forces armées maliennes sont interdites d’accès à Kidal où la CMA règne en maître. le Mali gérera-t-il Kidal alors que les deux gouverneurs successifs qu’il a nommés à Kidal sont contraints de résider à Gao ? Un connaisseur du dossier estime que dans la réalité, l’Etat se voit affecter une zone de gestion imaginaire, ce qui revient à dire qu’il ne gérera aucune zone du tout. Du coup, il faut retenir que dans le partage, la CMA se voit officiellement affecter la région de Tombouctou tout en g ardant de fait la région de Kidal. Le pire, c’est que l’Etat, en acceptant qu’on lui affecte Kidal, une zone qu’il ne contrôle pas, accepte par avance qu’on lui impute les violences et dysfonctionnements qui s’y produiraient. Un autre constat confirme que l’Etat n’aura rien à gérer Kidal: lui-même vient de nommer à la tête de l’Assemblée régionale de Kidal Hassan Ag Fagaga. Ce colonel déserteur de l’armée malienne est l’un des pères du Mouvement national de libération de l’Azawad, cheville ouvrière et branche indépendantiste de la CMA…

Les autres assemblées régionales intérimaires sont réparties entre les groupes armés.  Celle de Gao revient à Djibrila Maiga, membre de la Plateforme. Celle de Tombouctou est confiée à Boubacar Ould Hamadi de la CMA (encore!). Quant à la région de Ménaka, elle revient à un responsable du MSA: Abdoul Wahab Ag Ahmed Mohamed. Le chef des autorités intérimaires de la région Taoudeni sera Hamoudi Sidi Ahmed Aggada.

Ces différentes autorités intérimaires seront installées à partir de ce samedi par le ministre de la Décentralisation, Mohamed Ag Erlarf. On lui souhaite bien du plaisir…


Bastonné pour son diamant, le jeune Oumar Sabo fait enfin arrêter ses agresseurs

Dans un billet posté le 3 août 2016 sur mon blog, je racontais l’histoire d’Oumar Sabo, ce jeune homme qui, après avoir ramassé un  diamant, avait été agressé par un prétendu acheteur. La gendarmerie de Sikasso, localité située à 400 km la capitale, Bamako, saisie de l’enquête, a procédé, le jeudi 9 février 2017, à l’interpellation de Youssouf Poudiougo, le présumé agresseur, et de ses complices. 

Bastonné pour son diamant, le jeune Oumar Sabo fait enfin arrêter ses agresseurs

L’histoire commence un matin d’avril 2016. Oumar Sabo se trouve dans le village de Papara, situé en territoire ivoirien, près de la frontière malienne. Sabo décide de rejoindre des parents dans un hameau dénommé Allahmdouliilaye-Dadjan, qui dépend du village de Finkolo, dans la commune malienne de Fourou. Il loue les services d’un motocycliste qui le dépose au bord du marigot qui constitue la limite entre le Mali et la Côte d’Ivoire. Le reste du chemin ne consiste qu’à traverser le marigot pour se retrouver au hameau. Sabo le fait à pied. Pendant la traversée, il aperçoit une pierre qui brille comme le soleil. Pour avoir travaillé dans des mines traditionnelles, il comprend que la pierre brillante est un diamant.

Diamant dans un marigot

Fou de joie, il la ramasse et fonce dans le premier bureau d’achat de pierres précieuses de la localité. Le gérant du bureau, Youssouf Poudiougo, confirme qu’il s’agit bien d’un diamant de 20 kilos d’une valeur marchande de 40 milliards de FCFA ! Poudiougou offre d’acheter la pierre et propose à Oumar Sabo 40 milliards de FCFA. Il fait photographier Sabo, le futur milliardaire (photo) et promet de délivrer une attestation certifiant la réception du diamant par son bureau. Youssouf Poudiougo, profitant de la naïveté du jeune homme, lui dit d’attendre dans le bureau: « Je me rends de ce pas à Fourou pour légaliser l’attestation de réception que je viens de te signer ». Quelques heures plus tard, Poudiougou revient avec une attestation. Problème: elle n’est pas légalisée. Pis, sur l’attestation dont avons obtenu copie, il est mentionné que « Oumar Sabo reconnaît avoir reçu des mains de Oumar Sabo » la pierre précieuse. Un non-sens puisque l’attestation est censée prouver que la pierre a été remise à Poudiougou ! Ne sachant pas lire, Sabo ne comprend pas que son nom est répété deux fois sur l’attestation et la décharge.

Bastonnade

Vers 15 heures, ce même 2 avril 2016, Poudiougou prend dans son véhicule 4X4 Oumar Sabo pour Bamako, avec la promesse de verser à Sabo le prix de vente de la pierre: 40 milliards. Dans le véhicule, Poudiougou fait entrer trois gaillards. Le voyage se passe bien jusqu’à l’entrée de Bamako. Poudiougou arrête le véhicule dans un endroit obscur et en descend au motif que c’est là que les 40 milliards lui seront remis. Dans la foulée, Poudiougou colle son portable à l’oreille, faisant mine d’appeler ses riches clients. Au même moment, les trois gaillards encerclent Sabo et le rouent de coups. Il est ligoté et laissé pour mort.

Revenu à lui-même le matin, Sabo pousse des cris de détresse qui attirent l’attention d’un passant. Celui-ci lui pose des questions. Après avoir raconté sa mésaventure, Sabo est détaché par le passant. Il rejoint en pleurant son village. Un mois plus tard, guéri de ses blessures, l’infortuné diamantaire revient à Bamako pour réclamer sa pierre à Poudiougou qui le croyait mort. Sabo cherche alors à rencontrer les autorités judiciaires et policières.

Enquête

Après une première plainte auprès du juge à compétence étendue de Kadiolo, Oumar Sabo n’obtient pas gain de cause, bien que devant le juge, Youssouf Poudiougo ait reconnu avoir fait bastonner Oumar Sabo qui, à ses dires, « était en train de perdre la tête ».   Pour autant, Poudiougou n’est pas inquiété…

Oumar Sabo n’abandonne pas la partie. Il  retourne à Bamako pour rencontrer le procureur général près la Cour d’appel, Mamadou Lamine Coulibaly. Celui-ci charge le procureur de Sikasso de tirer au clair cette ténébreuse affaire. Venu au parquet de Sikasso, Oumar Sabo ne parvient guère à retrouver  son diamant. Ni les 40 milliards. Ni même un débaut de solution à sa préoccupation. Sur les conseils d’un parent, il se rend au gouvernorat de Sikasso. Il y est reçu par un conseiller du gouverneur auquel il explique son infortune. Le conseiller semble croire à son histoire et instruit au commandant de la légion de gendarmerie de Sikasso d’ouvrir une enquête. Ce dernier confie l’enquête à la brigade territoriale de gendarmerie de Sikasso. Le commandant de brigade confie à son tour le dossier à un de ses limiers. Le gendarme enquêteur prend tout d’abord la déposition d’Oumar Sabo sur les faits. Pour vérifier les allégations de folie émises contre le plaignant, l’agent enquêteur sollicite l’unité psychiatrique de l’hôpital de Sikasso. Après une semaine d’observation, le médecin conclut qu’Oumar Sabo ne souffre d’aucune maladie mentale de nature à altérer ses facultés de discernement.

Le gendarme enquêteur se décide à interroger Youssouf Poudiougou pour lui demander sa version des faits et, surtout, savoir pourquoi il a fait bastonner Oumar Sabo comme il l’avait lui-même reconnu.  Le gendarme fait donc rechercher et place en garde à vue Poudiougou. De même, les trois gaillards qui ont personnellement bastonné Oumar Sabo sont appréhendés. Mais au moment où nous mettions sous presse, l’agent enquêteur faisait l’objet de fortes pressions de la part de certaines personnalités qui  souhaitent la libération de Youssouf Poudiougou et de ses complices.

En tout état de cause, l’arrestation de Youssouf et de ses complices est une première victoire d’Oumar Sabo. Et un succès pour moi journal qui ait contribué à vulgariser le dossier. L’arrestation est bien la preuve que ce jeune homme est désormais pris au sérieux et qu’il n’a rien inventé au sujet de sa bastonnade. Pourquoi douter alors qu’il ait ramassé un diamant détourné par ses agresseurs ?

Affaire à suivre…

 


Kidal: les rebelles célèbrent leur offensive militaire contre le Mali

Malgré la signature des accords pour la paix et la réconciliation qui garantissent l’intégrité territoriale du Mali, la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) affiche son projet d’indépendance de l’Azawad. En effet, la CMA a célébré, le 17 janvier 2017, le 5ème anniversaire du début de la « révolution » sur la place publique de Kidal (photos). Cette célébration est intervenue à la veille de l’attaque très meurtrière contre le centre de regroupement des hommes du mécanisme opérationnel de coordination (MOC), dont fait partie la CMA. Ces festivités sont d’ailleurs une tradition puisque chaque année, depuis 2012, le groupe indépendantiste du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et ses alliés de l’heure organisent une fête commémorative du début de la « révolution », c’est-à-dire de l’insurrection indépendantiste armée contre l’Etat malien.

Déclarations séparatistes

Cette année, plusieurs activités étaient au menu, notamment une marche suivie d’une réunion publique. Devant, les populations parées de drapeaux de l’« Etat de l’Azawad » (eh oui!), plusieurs responsables de la CMA se sont succédés au micro pour réclamer  l’indépendance du nord-Mali. Tous les orateurs qui se sont exprimés lors de la réunion ont rappelé « l’objectif premier » de la lutte engagée par le MNLA le 17 janvier 2012 : l’indépendance de l’Azawad. « Quelles que soient les difficultés, il ne fait aucun doute que notre peuple concrétisera ses plus chères aspirations, c’est-à-dire l’indépendance », a martelé avec force un orateur sous les acclamations du public.

Au cours de la célébration, le drapeau de l’Azawad fut solennellement hissé sur le mât à Kidal, en présence des dignitaires du MNLA et de la CMA. Une parade des enfants, des femmes et des militaires fut organisée dans les rues de la ville.

L’indépendance malgré l’accord

En plus de la célébration du début de leur offensive contre l’Etat malien et de la déclaration d’indépendance qu’ils ont adoptée en 2012, les rebelles de Kidal multiplient les actes de sabotage du processus de paix auquel ils prétendent pourtant adhérer. En effet, les leaders de la CMA ne manquent jamais l’occasion de réclamer l’indépendance de leur territoire ou de se comporter en autorités publiques indépendantes. Ainsi, au cours d’un entretien accordé à nos confrères de « Jeune Afrique », Bilal Ag Chérif, le secrétaire général du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), a déclaré qu’il fallait rendre réelle « l’administration du territoire de l’Azawad par les Azawadiens ».

De plus, le 12 janvier 2017, lors d’une assemblée générale d’information tenue à Kidal, sous la direction du président en exercice de la CMA, le député Alghabass AG Intalla, assisté des autres secrétaires généraux de la CMA, les rebelles ont réalisé un autre acte de provocation. Au cours de cette rencontre, la CMA a accusé le gouvernement d’avoir pris des décisions de façon unilatérale et en contradiction avec l’esprit et la lettre de l’Accord. Intalla a cité, entre autres, la relecture du Code des collectivités territoriales, la mise en place de la commission de révision constitutionnelle, le recrutement des agents des antennes régionales de la Commission Vérité et Réconciliation, la mise en place des agences de développement régionales, la signature des contrats-plans entre le gouvernement et des « acteurs fictifs » au nom des autorités Régionales, la fixation des dates et la tenue d’élections communales dans les régions où est prévue la mise en place des autorités intérimaires.

A l’issue de cette assemblée, la CMA a fait une déclaration dans laquelle elle a lancé un appel aux partenaires techniques et financiers pour la réhabilitation et le fonctionnement des services sociaux de base et infrastructures administratives pour l’amélioration du niveau de vie des populations qu’elle dit administrer. On voit bien que la CMA s’adresse directement aux partenaires techniques et non à l’Etat du Mali. Comme si l‘ »Azawad », malgré les accords de paix signés, ne dépendait plus de l’Etat malien !

Les actions séparatistes de la CMA sont couronnées par le slogan affiché sur le compte Twitter officiel de ce groupe rebelle. Sur la page d’accueil de ce compte apparaît le drapeau de l’Azawad sur lequel  on peut clairement lire: « On doit s’armer de courage pour voir un jour l’Azawad libre, juste et indépendant ».

A quoi servent les accords de paix ?

La question qui se pose à présent est la suivante: comment et pourquoi poursuivre des négociations avec des rebelles qui, au lieu de déposer les armes, célèbrent en grande pompe la date à laquelle  ils ont lancé l’offensive contre le pays au prix de centaines de soldats maliens tués ? En tout cas, les différentes déclarations des leaders de la CMA rendent illusoire le processus de désarmement des combattants et de retour de l’Etat malien au nord du pays.


Innov’action Bamako: faire de l’innovation technologique le moteur du développement du Mali.

Du 16 au 18 décembre 2016, Donilab a donné réuni à Bamako, les utilisateurs des nouvelles technologies. A travers « Innov’action », Donilab et ses partenaires dont la communauté des bloggeurs « Doniblog », la capitale Malienne est devenu en 3 jours, la vitrine essentielle pour les nouvelles technologies.  1er du genre, Innov’action avait pour objectif  de faire de l’innovation le moteur du développement au Mali.

Innov’action Bamako

Durant 3 jours, des experts venus de la sous région ont fait du coaching et partager leurs expériences et leurs réussites avec les jeunes maliens. Ainsi, plus de 400 jeunes utilisateurs des nouvelles technologies se sont vus renforcer grâce à des ateliers de formation sur la thématique du business model, du crowdfunding, du blogging de la cartographie numérique etc.

Des ateliers de blogging

L’atelier sur le blogging animé par la communauté des blogueurs du Mali (Doniblog) a permis de faire comprendre aux participants la place du blogueur dans le processus de paix engagé par l’Etat malien.

Selon Stephen Kochuba, directeur des Affaires Publiques de l’Ambassade des Etats Unis au Mali, de tous les projets qu’il a financé au Mali depuis son arrivée, Innov Action est celui qui a le plus retenu son attention, car il comporte deux enjeux stratégiques majeurs: la jeunesse et les nouvelles technologies de l’information.  Pour le diplomate américain, les nouvelles technologies de l’information, peuvent être un levier du développement des pays qui tentent de les maîtriser. Il a pour terminé souhaité que les participants outillés  à la connaissance générale en développement d’application mobile, sur le blogging et l’esprit d’entrepreneuriat, forment un réseau qui connecte leurs organisations. Au cours de cette première édition d’Innov’action, plusieurs projets étaient en compétions, 78 environs.

Trois iniatives gagnent des prix

  • Le projet « Appli’tude » a été classé premier. Appli’tude est une application téléchargeable gratuitement sur les Smartphones, les tablettes, les ordinateurs, qui permet aux lycéens et étudiants d’avoir accès aux cours en ligne.
  • La 2ème place est occupée par le projet «www.sani-fere.com », qui  est un site de vente et achat en ligne adapté aux réalités maliennes. Sur sani-fere.com sont vendus des produits neufs de qualité, dans les catégories suivantes: l’électronique, la mode, l’électroménager, et bientôt l’alimentaire dont les articles pourront être payés à crédit. Produits qui seront également achetables par les maliens de la diaspora pour leurs proches restés au Mali.
    La 3ème place est revenue au projet  « Karte à puce électronique ». Cette carte à puce électronique est une invention Made in Mali, qui sert à sécuriser les motos Djakarta, voitures et autres, fonctionnant avec un adaptateur de carte téléphonique et deux serveurs reliant le moteur à la carte. Il faut noter qu’Innov’action a bénéficié de l’accompagnement financier de l’ambassade des Etats Unis au Mali.
  • La 3ème place est revenue au projet  « Karte à puce électronique ». Cette carte à puce électronique est une invention Made in Mali, qui sert à sécuriser les motos Djakarta, voitures et autres, fonctionnant avec un adaptateur de carte téléphonique et deux serveurs reliant le moteur à la carte. Il faut noter qu’Innov’action a bénéficié de l’accompagnement financier de l’ambassade des Etats Unis au Mali.


Institut de Formation des Maitres de Tombouctou: cruelle condition de vie des étudiants

Les étudiants de l’Institut de Formation des Maitres (Hégire) de Tombouctou ont entamé depuis plus de 15 jours une grève pour réclamer le paiement de leurs bourses et de meilleures conditions de vie. En plus du retard de 2 mois dans le paiement de leur bourse, les conditions d’hébergements des étudiants se sont considérablement dégradées.

Institut de Formation des Maitres de Tombouctou: cruelle condition de vie des étudiants

Sur le retard des bourses, les étudiants disent n’avoir pas reçu leurs pécules depuis 2 mois. Venus pour la plupart de l’ensemble du territoire, les étudiants de l’hégire n’ont que la bourse pour subvenir à leur besoin.

En plus, n’ayant pas, pour la plupart, de tuteur à Tombouctou, les étudiants sont accueillis dans des dortoirs aménagés par les autorités scolaires. Ces dortoirs, faut-il le dire, sont dans un  piteux état, pire qu’une porcherie.

Aucun des deux dortoirs n’offre les conditions minimales pour l’hébergement des étudiants internes qui dormaient à même le sol, dans un espace sans électricité et dépourvu de systèmes sanitaires (photos).

En tout cas, une chose est claire à l’Institut de Formation des Maitres Hégire : les étudiants  ne sont pas prêts à reprendre le chemin des classes tant qu’ils ne seront pas mis dans leur droit. Ils promettent même d’entamer d’autres actions dans les semaines à venir.

L’Institut de Formation des Maîtres Hégire de Tombouctou est le seul établissement au Mali ayant pour vocation la formation d’enseignants en langue arabe. Les étudiants de cet institut viennent de toutes les régions du Mali dans le but de devenir à la fin de leur cursus, instituteurs de Medersa (école coranique). L’Institut de Formation des Maîtres Hégire de Tombouctou compte environ 300 étudiants dont plus de 150 sont logés dans les dortoirs.