Burkina Faso : Quand la transition donne un prétexte aux putschistes

Article : Burkina Faso : Quand la transition donne un prétexte aux putschistes
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19 septembre 2015

Burkina Faso : Quand la transition donne un prétexte aux putschistes

« Au lieu d’en vouloir à l’endroit, où tu as chuté, tu ferais mieux de t’en prendre à là, où, tu as trébuché » dit un adage de chez moi. Cette assertion pourrait bien illustrer la situation qui prévaut actuellement chez mes frères du Burkina Faso. En sentinelle de la démocratie, les hommes intègres, au risque de leur vie tentent d’empêcher le coup d’Etat perpétré par Gilbert Diendéré. En fervent démocrate, je suis de cœur avec le peuple Burkina et condamne avec fermeté cette façon de prendre le pouvoir. Cependant, je comprends les putschistes. Ce coup de force serait –il arrivé à un mois des élections, si la transition avait joué franc jeu ? Je dis non. La gestion partial de la transition par le président Michel Kafando, justifie à plus d’un titre le putsch.

 

C’est suite à une insurrection populaire que le peuple avait mis fin au règne du président Blaise Compaoré. Propulsé à la tête du pays comme président de la transition, Kanfondo et son équipe avaient pour mission d’organiser des élections inclusives. Je ne sais pour quelle raison, la transition a accumulé des erreurs. La première a été d’exclure des candidats sous prétexte qu’ils ont servi l’ancien régime de Blaise Compaoré. Avoir servi un ancien régime ne constitue pas à ce que je sache un crime. La constitution du Burkina Faso dans son article 12, stipule : « Tous les Burkinabè sans distinction aucune, ont le droit de participer à la gestion des affaires de l’Etat et de la société. A ce titre, ils sont électeurs et éligibles dans les conditions prévues par la loi ».

 
On comprend, alors que la mise à la touche de certains candidats par les organes de transition a donné un prétexte au Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Seul le peuple souverain du Burkina Faso avait le droit d’exclure ces candidats par un vote sanction. Rousseau, ne nous disait –il pas que le seul Etat légitime est celui où le peuple exerce lui-même la souveraineté. La seconde erreur commise par les organes de la transition a été leur ferme volonté de dissoudre le RSP. J’estime que seul un président légitimement élu puisse envisager de le faire. Accumulant, les erreurs, les organes de la transition, sans le savoir donnaient un prétexte à tout putsch. Sans offrir un chèque en blanc au général Diendéré, je n’ai aucune raison de douter de ses motivations.

 

Pour l’instant, sans connaitre les personnes qui seront les prochains tenants de cette nouvelle transition qui s’ouvre, je souhaite que la leçon soit retenue. Pour éviter de revenir en arrière, la médiation conduite par le président Sénégalais, Macky Sall, doit exiger qu’elle soit conduite par des démocrates et des vrais. Car, seul le peuple doit trancher, et seuls les vrais démocrates le savent. Pour l’instant, il ne nous reste plus qu’à prier pour le repos de l’âme des personnes mortes pendant les manifestations et souhaiter prompte rétablissement aux blessés.

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