Pour prévenir de nouvelles attaques : que fait l’Etat Malien ?

Article : Pour prévenir de nouvelles attaques : que fait l’Etat Malien ?
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17 mars 2015

Pour prévenir de nouvelles attaques : que fait l’Etat Malien ?

Dans la nuit du vendredi 6 mars 2015, un attentat terroriste a été perpétré en plein cœur de la capitale. Depuis, les autorités politiques et sécuritaires multiplient les appels au calme, promettant de mettre tout en œuvre pour retrouver les responsables de l’attentat. Pourtant, rien n’est en train d’être fait pour prévenir de nouvelles attaques jihadistes. Nous nous sommes ainsi amusés à faire un tour à la Cité Administrative, siège de la plupart des ministères.

 

 

Au portail de la Cité pointent une quinzaine de gendarmes censés garder 25 ministères. Cela veut dire qu’en cas d’attaque armée, chaque ministre ne bénéficiera pas de la protection d’un gendarme, chose anormal dans un pays en guerre. De plus, l’armement des forces de sécurité déployées à la Cité Administrative n’est nullement impressionnant car ion n’y voitr ni armes lourdes, ni blindés, ni semi-blindés. Et au lieu de se tenir en position débout, prêt au combat, les agents prennent le thé en dévisant comme au village, sous l’arbre à palabres. Pour ne rien arranger, les visiteurs de la Cité Administrative sont soumis à la même méthode de contrôle qu’avant l’attaque jihadiste du 6 mars 2015, ce qui signifie que l’on n’a tiré aucune leçon de ladite attaque.

 

Le reste de la capitale connaît le même laisser-aller sécuritaire. Avant l’attaque jihadiste, il n’y avait aucun risque de tomber sur une patrouille policière dans certains endroits névralgiques de Bamako; c’est toujours le cas. Mademoiselle Fanta Maiga ne nous dira pas le contraire, elle qui a renoncé, le 8 mars, à dîner au restaurant « Le Relax » après s’être aperçue que ledit restaurant, toujours rempli d’Occidentaux, ne bénéficiait d’aucune présence policière après l’attaque jihadiste du 6 mars, commise juste à deux doigts de là. C’est à se demander à quoi servent la police et la gendarmerie !

 

Occupés à tondre les usagers de la route, notamment les véhicules de transport en commun, les policiers postés aux ronds-points n’accordent aucun intérêt à l’application de la loi. On voit ainsi à longueur de journée des véhicules surchargés s’écraser dans les caniveaux, des files de fêtards encombrer les voies, des camions en panne sèche sur les ponts. Même en cas d’accident, les protagonistes, aux fins de constat officiel, doivent aller louer à prix d’or les services des policiers postés tout près de là et qui font mine de ne rien voir. Le convoi du Premier Ministre n’a-t-il pas ainsi été heurté par une benne ?

 
Les agents de police portent presque tous, en dessous de leur uniforme, des vêtements civils qu’ils se sont habitués à arborer quand un événement subit met la sécurité publique en danger. On l’a vu lors du putsch du 22 mars 2012 et lors des affrontements entre militaires « bérets rouges » et « bérets verts »: Les policiers, loin de protéger la population, se sont fondus dans la foule de civils grâce à leur habit de rechange.

 

Pis, Bamako déborde de véhicules non immatriculés ou à vitres teintées qui circulent librement. Ces voitures non indentifiables peuvent être utilisées par des jihadistes pour perpétrer des attentats. Les assaillants de « La Terrasse », le 6 mars, ne sont-ils pas venus à bord d’un véhicule à vitres teintées ? La promesse du gouvernement d’interdire ces véhicules semble sans lendemain car la plupart d’entre eux appartiennent à des officiers de l’armée, de la police, de la gendarmerie et à de hauts dignitaires du régime.

 
Un autre facteur d’insécurité reste la facilité avec laquelle on se procure des papiers officiels maliens. La carte d’identité, première pièce d’indentification d’un citoyen, est, dans nos commissariats et postes de gendarmerie, délivrée au premier venu arrivant sans aucun contrôle. N’importe qui se la procure aisément même s’il n’est pas Malien. D’où le nombre croissant de bandits retrouvés à l’étranger avec des pièces d’identité maliennes. On se rappelle le cas de ce commandant de brigade de gendarmerie qui, dans les mines d’orpaillage de Kadiolo (région de Sikasso), délivrait à tout venant des pièces d’identité moyennant la somme de 10. 000 FCFA.

 

Pour les passeports, c’est pareil. Le leader des « Jeunes Patriotes » ivoiriens, Charles Blé Goudé, n’a-t-il pas été arrêté au Ghana en possession d’un passeport malien ? Quel agent public malien a été poursuivi pour ce crime ?
Dans cet océan d’insécurité où continue de patauger notre pays, seul le chef de l’Etat semble hors d’atteinte. Pour entrer à Koulouba, tous les véhicules sont à présents contrôlés; il est même arrivé, il y a un mois, que celui du secrétaire général soit soumis à un contrôle !

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