Guindo Abdoulaye

Ce que le bloggeur malien retient de la CPI

La 15ème session de l’Assemblée des États Parties au Statut de Rome, qui institue la Cour pénale Internationale (CPI), s’est tenue du 16 au 24 novembre 2016  au World Forum Convention Center de La Haye, capitale des Pays-Bas. En marge de cette session, sur invitation du ministère des Affaires Etrangères du pays, une vingtaine d’hommes de médias et blogueurs, dont votre fidèle serviteur, a pris part à une série d’activités sur la CPI. Venus du Nigéria, de la Chine, du Sri Lanka, du Ghana, de la Gambie, de l’Afrique du Sud, de la Palestine, d’Israël, du Burundi et du Mali, les journalistes ont eu droit à des conférences et à la  visite des locaux de la CPI.

A l’issue d’une semaine d’intenses activités, je suis arrivé à la conclusion que la CPI est mal connue.

Ce que le bloggeur malien retient de la CPI
Ce que le bloggeur malien retient de la CPI

Ce qu’il faut savoir de la CPI

En juillet 1998, pour la première fois dans l’histoire, des Etats ont décidé de se soumettre à la compétence d’une Cour pénale internationale permanente chargée de poursuivre les crimes les plus graves commis sur leur territoire ou par leurs ressortissants. Cet engagement des Etats pour la CPI a été formalisé dans un traité appelé « Statut de Rome ». Il est entré en vigueur le 1er juillet 2002. Expliquant, les raisons de la création de la CPI, Janet Stéphanie, journaliste spécialiste du droit international, nous dira que la finalité première de la Cour est de prévenir et de mettre un terme à l’impunité des auteurs des crimes les plus graves touchant l’ensemble de la communauté internationale.

La CPI ne remplace pas les tribunaux nationaux. Chaque État a le pouvoir et le devoir d’exercer sa compétence pénale vis-à-vis des criminels. « La Cour ne peut intervenir que dans les cas où un État est dans l’incapacité ou n’a pas la volonté de mener à bien des enquêtes et de traduire en justice les auteurs de crimes », a rappelé Janet. Donc, lorsque la justice d’un pays arrive à distribuer convenablement la justice, la CPI n’a pas à intervenir. Par exemple, dans le cas du général Amadou Sanogo du Mali, la CPI n’intervient pas puisque le Mali s’est déclaré compétent et décidé à juger les personnes incriminées. Les seuls cas où la CPI peut être saisie en dehors de la volonté des  Etats concernent les personnes déférées devant elle par le Conseil de sécurité de l’ONU

La CPI ne dispose pas de forces armées ni de police propres. Elle doit compter sur la coopération des États, indispensable en ce qui concerne l’arrestation et la remise des suspects. Toutes les personnes jugées actuellement à la CPI lui ont été transférées par leur propre gouvernement. Dans le cas de la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ont été remis à la CPI par le président Alassane Ouattara. L’Etat ivoirien a décidé de juger lui-même l’ex-première dame, Simone Gbagbo, qui est donc restée au pays. Le cas du président Soudanais, Oumar El-Béchir, prouve bien que la CPI n’a pas les moyens d’arrêter un suspect si un Etat membre ne le fait pas à sa place: Béchir circule tranquillement en Afrique alors qu’il est sous le coup d’un mandat d’arrêt de la CPI.

Les personnes jugées à la CPI sont toutes issues de pays ayant ratifié le Statut de Rome. Sur la question de l’adhésion à la CPI, Fatou Ben Souda, procureure de la Cour, que nous avons rencontrée, dira que l’adhésion est une décision souveraine de chaque Etat. Elle précise que la CPI ne s’acharne pas sur l’Afrique: les Africains jugés par elle le sont soit parce qu’elle a été saisie par le Conseil de sécurité de l’ONU, soit parce que les intéressés ont été remis par leur propre gouvernement.

Critiques contre la CPI

La CPI est accusée de ne juger que des Africains et de pratiquer une justice des vainqueurs. De fait, sur  la dizaine de cas actuellement instruits par la Cour, 9 concernent des Africains. Au cours de la 15ème Assemblée des Etats parties, plusieurs délégués ont déploré que dans le ivoirien, seuls Gbagbo et Blé Gougo comparaissent alors que des chefs de guerre pro-Ouattara devraient ne sont pas poursuivis. Une autre faiblesse de la Cour est liée à la non-ratification du statut de Rome par de grandes puissances comme les Etats-Unis, la Chine ou la Russie. De plus, la Cour, faute de forces de police autonomes, n’est pas en mesure de traduire devant elle des suspects. Elle ne peut non plus prétendre poursuivre tous les suspects et doit se contenter de cibler les suspects qui paraissent porter la plus lourde responsabilité dans les crimes commis.

Au cours de la 15ème Assemblée des Etats parties, la question du retrait de certains pays a été évoquée. Les participants (410 délégués venus de 88 pays membres, 72 délégués venus de 18 États observateurs et 223 représentants  d’ONG)  reconnaissent que la CPI a des insuffisances, mais ils sont unanimes à reconnaître son importance sur l’arène internationale.Répondant à l’accusation selon laquelle la Cour elle ne jugerait que les Africains, les participants ont noté qu’à côté de la CPI  existe un tribunal spécial pour l’ex-Yougoslavie qui a jugé Slobodan Milosévic, Radovan Karadzic, Biljana Plavsic, etc. En plus, la liste des affaires de la CPI a commencé à évoluer. En janvier 2016, elle a ouvert sa première enquête hors d’Afrique, en Géorgie. Elle mène actuellement des enquêtes préliminaires en Colombie, en Afghanistan, en Palestine et sur les forces armées du Royaume-Uni déployées en Irak. La CPI, selon les participants, incarne les espoirs des populations à la justice. Ses imperfections ne doivent pas être une raison pour ses membres de cesser de coopérer avec elle mais au contraire, ils doivent l’aider à y remédier. La CPI, à en croire les participants, doit être soutenue car elle est le seul tribunal qui offre, à l’échelle internationale,une garantie contre l’impunité lorsque les tribunaux nationaux ne parviennent pas à juger les auteurs de crimes.


Affaire des « bérets rouges » : le général Sanogo sera jugé à Kayes

Affaire des "bérets rouges"
Affaire des « bérets rouges »

Prévu pour être jugé au cours de la session de la Cour d’assises de Bamako tenue du 2 au 30 mai 2016, le dossier du général Amadou Haya Sanogo a été retiré du rôle et reprogrammée pour une session spéciale ultérieure. Selon des sources bien informées, le jugement du général Sanogo et de ses coaccusés posait de sérieux problèmes de sécurité et de logistique. En effet, les locaux de la Cour d’appel de Bamako qui devaient abriter les travaux risquaient de ne pas suffire à contenir la foule qui pourrait venir assister aux débats. De plus, il fallait mobiliser pour plusieurs semaines un très gros contingent de forces de l’ordre pour parer à toute éventualité. Sans compter que toutes ces mesures sécuritaires risquaient d’interrompre l’activité normale de la Cour d’appel de Bamako. C’est pour toutes ces raisons que le département de la Justice avait instruit de retirer le dossier des « bérets rouges » du rôle de la session du 2 mai 2016.

Mais que devient la session spéciale qui devait juger les accusés ? « Le budget de ladite session est bouclé depuis le mois de juin 2016 et les sommes nécessaires sont dans la caisse du régisseur du ministère de la Justice », nous confie une source proche du dossier. Pour éviter aux juges la pression des foules et, peut-être, de la presse, la ville de Kayes est désignée pour abriter la session spéciale : distante de Bamako d’un millier de kilomètres, la capitale de la première région ne connaît pas non plus de problèmes sécuritaires particuliers.

Rappelons que le général Sanogo et ses coaccusés comparaîtront devant les assises en même temps que plusieurs de ses compagnons d’armes dont les suivants:

– capitaine Amadou Konaré et sergent-chef Seyba Diarra, cerveaux du putsch du 22 mars 2012 ayant renversé ATT;

– général Ibrahim Dahirou Dembélé, chef d’état-major de l’armée au moment des faits,

– général Yamoussa Camara, ministre de la Défense au moment des faits.

Victime d’une tentative de contre-putsch, le 30 avril 2012, de la part des « bérets rouges », la junte de Sanogo a durement sévi contre les insurgés réputés proches du régime déchu d’ATT. C’est ainsi que 21 soldats et officiers « bérets rouges » seront enlevés et assassinés. Par qui ou sur ordre de qui ? C’est ce que le procès dira. Lorsqu’il a ouvert l’instruction du dossier, le juge Yaya Karembé du pôle économique de Bamako a d’abord posé l’inculpation d’« enlèvement de personnes ». Le 10 avril 2015, il a requalifié les faits en assassinats. Infraction retenue par la Chambre d’accusation, la juridiction d’instruction du second degré, qui, au passage, a mis hors de cause le général Sidi Alassane Touré, patron de la sécurité d’Etat (services secrets) au moment des faits.

Longtemps, le gouvernement malien a hésité entre le jugement des accusés et leur amnistie. Il semble que les tenants du jugement prennent, ces derniers temps, le dessus. D’où le futur procès de Kayes.


Mali : hymne à la gloire des nomades politiques

Les hommes politiques maliens sont connus pour leur transhumance légendaire. Il ne se passe pas un jour sans qu’un homme politique quitte le parti qui l’a fait élire pour un autre. Qu’elle soit de l’opposition ou de la majorité, aucune formation politique n’est à l’abri de transhumance de ces militants, cadres et élus. Inspiré par un texte de l’écrivain Abdoulaye Mamani, extrait de son ouvrage  « Saraounia », j’écris un  hymne de bienvenu à tous les transhumants, qui pour la plupart le font parce qu’ils sont affamés. D’après la célèbre série ivoirienne « faut pas fâcher, nous nous amusons »:      

Hymne à la gloire des nomades politiques
Hymne à la gloire des nomades politiques

         

Frères et sœurs venus d’ailleurs, vous êtes les bienvenus en terre d’asile. Nous n’avons pas le même parler, nous n’avons pas les mêmes croyances, mais nous avons la même volonté : celle de manger à notre faim. Et vous appréciez encore plus que nous le prix de la pitance pour l’avoir perdue une fois.

Nous ne vous demanderons pas tout ce que vous avez enduré dans votre traversée du désert, tous les soifs et toutes les faims que vous avez connu. Oui, vous savez mieux que nous ce que coûte d’être soumis à la famine politique. Votre décision de fausser compagnie à vos maîtres vous honore et honore tous les hommes du pays de la transhumance.

Frères et sœurs venus d’ailleurs, vous êtes les bienvenus en terre bouffe. Ici, nul ne vous méprisera ni ne méprisera vos famine. Mangez qui vous plaît, buvez de la manière qui vous convient. Faites ripaille, manger le tô (patte de mil), le riz, le fakoye (sauce préférée des Songhaï) ou le tièbe (ris gras sénégalais) si le cœur vous en dit. Nul ne troublera vos repas car, vous êtes seuls responsables de votre ventre. Notre communauté est une communauté de parage où chacun mange selon sa force, ses habitudes et ses principes.


Révision constitutionnelle au Mali : gare à la loi de la minorité !

A l’instar de plusieurs pays de la sous-région, le Mali s’est engagé dans un processus de réforme constitutionnelle. Après deux tentatives de révision qui ont échoué, cette énième révision est partie pour réussir, car conditionnée par l’Accord pour la paix et la réconciliation signé avec les groupes armés du nord sous l’égide de la communauté internationale. Cet accord exige un aménagement législatif et constitutionnel pour prendre en compte les exigences des groupes armés qui, faut-il le rappeler, règnent sur les deux tiers du territoire national. Un comité d’experts chargé de la révision a été mis en place par le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita.

Désintérêt général

Contrairement aux précédentes tentatives, qui ont déchaîné des passions et une forte opposition, l’actuelle ne semble pas intéresser les Maliens. De fait, lors des deux premières tentatives, les  présidents en exercice étaient en fin de mandat; les Maliens ont cru à une manœuvre de ces chefs d’Etat pour se maintenir au pouvoir. Ibrahim Boubacar Keita est, quant à lui, à son premier mandat; ce constat, combiné à la quête générale de paix, pousse le citoyen lambda à croire qu’il n’y a pas de volonté du président en place de se perpétuer au pouvoir. Du coup, on ne voit personne se préoccuper  de la révision engagée.

Danger de personnalisation de la loi fondamentale

Cependant, il est impérieux que les Maliens à travers la société civile, les médias et les partis, restent vigilants car un grave danger plane. Chaque fois qu’il est question de la Constitution de 1992, c’est un devoir pour tous les Maliens de penser aux martyrs du 26 mars 1991 qui sont morts pour un Mali libre, démocratique, où la loi est égale pour tous. S’il faut revisiter la Constitution, il est important de s’assurer que cette opération soit faite dans le strict respect des principes en matière de procédure et de légalité.

Les constitutions proches de la perfection sont celles constituées de dispositions impersonnelles. Or l’Accord de paix fait la part belle à une catégorie de Maliens : dès lors, ne faut-il pas craindre l’introduction dans la nouvelle Constitution des dispositions personnelles, voire personnalisées ? Ces dispositions pourraient  se relier, par exemple, à un quota attribué aux ressortissants des régions du nord pendant les recrutements dans la fonction publique et dans les différents corps de l’armée ou de l’administration. Ce qui ressemblerait à une mesure discriminatoire lourde de nouveaux conflits. Le cas ivoirien illustre à merveille les conflits que pourraient occasionner des dispositions constitutionnelles inspirées de considérations personnelles (ôter à Alassane Ouattara toute possibilité de candidature à la présidentielle).

Il faut garder à l’esprit que la Constitution du 25 février 1992 est un symbole avant d’être une loi. Elle incarne les combats héroïques menés par le peuple malien pour la liberté plurielle. La signature de l’Accord d’Alger n’a pas mis fin aux hostilités au nord-Mali : elle ne saurait donc justifier que l’on détruise à son profit les principes actuellement reconnus par la Constitution. C’est plutôt le respect de ces principes qui renforcera la cohésion sociale et l’Etat de droit. En clair, l’Accord pour la paix et la réconciliation doit se conformer aux principes fondamentaux de la Constitution.  Le contraire signifierait la capitulation de la majorité des citoyens devant une infime minorité qui aura réussi à intimider le gouvernement en place.


Mali: Mohamed tente de violer la femme de son voisin et un officier veut le couvrir

L’affaire se déroule, le 29 août 2016, dans une concession commune située à Kalanban-Coura, Bamako. Dans cette concession cohabitent la famille du vieux Kalifa Sidibé et du nommé Djibril Diallo.

faits-divers

Tentative de viol

Mohamed Sidibé, fils du vieux Kalifa et étudiant en 2ème année  à l’Institut Universitaire de Gestion (IUG), pénètre dans la chambre du voisin, Djibril Diallo. Dans la chambre se repose l’épouse de Djibril Diallo.  Mohamed Sidibé, sans autre forme de protocole, se jette sur la bonne dame et tente de la violer. Elle crie à l’aide et se débat comme un beau diable. Alertés, les voisins accourent dans la chambre. Ils y trouvent Mohamed Sidibé, tout nu, dans la posture du violeur.  Il est très vite maîtrisé et mis en lieu sûr. Djibril Diallo, qui était au travail, est informé par sa mère. Avant de se rentrer à la maison, il passe par la gendarmerie du camp 1 de Bamako pour porter plainte. Face à la gravité des faits, la gendarmerie fait accompagner Djibril Diallo par 2 agents en uniforme. Ceux-ci procèdent à l’interpellation du nommé Mohamed Sidibé et le conduisent à la gendarmerie. Le dossier est transmis au gendarme Siramanka Traoré pour audition des parties impliquées. C’est alors que l’enquêteur reçoit l’ordre d’un haut gradé de la gendarmerie d’arrêter les enquêtes et de libérer l’apprenti violeur. Le gendarme Siramanka Traoré ignore l’ordre et continue son boulot.

A la tombée de la nuit, profitant du fait qu’il n’était pas gardé en cellule, Mohamed Sidibé saccage les armoires et les coffres de la gendarmerie. Il voulait, semble-t-il, mettre la main sur le procès-verbal d’audition et le déchirer. Rien n’y fait: le document est présenté au procureur de la République de la commune 5 de Bamako qui place Mohamed Sidibé sous mandat de dépôt le 31 aout 2016. La mise en détention de Mohamed Sidibé met son père, Kalifa, dans tous ses états.

Tentative d’agression physique

Le 4 septembre 2016,  Il paye les services de deux jeunes hommes pour donner une leçon à Djibril Diallo. Les voisins s’interposent entre les mercenaires et Djibril Diallo. Voyant que ses sbires ont été empêchés de faire leur travail, le vieux Kalifa Sidibé, âgé de plus de 70 ans, s’en prend personnellement à Djibril qu’il couvre d’injures. Ce dernier porte plainte encore une fois devant la gendarmerie du camp 1 contre le vieux Sidibé.  Au moment de son interrogatoire, le même haut gradé de la gendarmerie appelle et ordonne l’arrêt des poursuites contre le vieux Sidibé. En présence du plaignant, le gendarme enquêteur arrête, cette fois, la procédure et laisse Kalifa Sidibé tranquillement rentrer chez lui. Diallo va alors se plaindre au tribunal de la commune 5 de Bamako. Le procureur saisit le commissariat du 11ème arrondissement de police pour diligenter une enquête les faits reprochés au vieux Kalifa Sidibé. C’est sans compter sur le haut gradé de la gendarmerie qui, une nouvelle fois, téléphone au commissariat et demande à parler à l’inspecteur en charge du dossier.  Au téléphone, et toujours en présence du plaignant, il est demandé au policier de classer l’affaire. L’inspecteur en charge du dossier répond poliment qu’ayant reçu les instructions du tribunal pour dresser un procès-verbal d’enquête, il lui est impossible de classer l’affaire.  L’inspecteur de police poursuit donc sa procédure jusqu’au bout.

La revanche de l’officier

Curieusement, le 15 septembre 2016, un coup de tonnerre frappe la gendarmerie du camp 1: tous les gendarmes ayant travaillé sur le dossier de Mohamed Sidibé sont relevés et affectés ailleurs. Le principal gendarme enquêteur, Siramankan Traoré, est muté jusqu’à Tenenkou, en zone d’insécurité. Coïncidence ou règlement de comptes ? Dire que le Mali ne cesse d’exprimer sa volonté de combattre les agressions sexuelles à l’égard des femmes dont, selon  l’ONU-FEMMES, 3227 cas ont été recensés dans le pays de décembre 2013 à janvier 2016!   Mohamed Sidibé, pour l’heure, garde prison en attendant son procès. Affaire à suivre.

 

 


Mali : des prêtres anti-sorciers sèment la panique

Les populations de certaines communes de Koutiala situé à 400 km au sud de Bamako,  sont au bord de l’affrontement. La  cause: la présence de fidèles chrétiens spécialisés dans le démantèlement de réseaux de sorciers et dans la délivrance des personnes envoûtées.

Mali : des prêtres anti-sorciers sèment la panique
Mali : des prêtres anti-sorciers sèment la panique

L’histoire remonte à juin 2016. Un pasteur résidant à Worodara, au Burkina, et spécialisé dans la délivrance des personnes possédées, envoie certains de ses disciples au Mali pour répandre l’Evangile. Ayant choisi des communes rurales de Koutiala, ces prêcheurs, pour se faire mieux entendre, adaptent leur discours et leur art aux préoccupations des villageoi: au lieu de parler de l’Evangile, ils se mettent à vendre une potion censée soigner plusieurs maladies. Outre ce mélange d’eau et d’huile dont on s’enduit le corps, les prêcheurs organisent des consultations mystiques et des séances de prières tendant à délivrer des personnes envoûtées. Au cours de ces cérémonies, ils affirment à des gens qu’ils sont ensorcelés et proposent de démasquer les sorciers coupables.Puis, joignant le geste à la parole, ils font des incantations à la suite desquelles lesdits sorciers tombent en syncope; une fois réveillés, ils font des révélations sur leurs crimes. Les malades sont alors considérés comme désenvoûtées et les sorciers neutralisés au nom de Jésus  Christ.

Psychose dans les villages

Dans la commune de Tièrè, à 100 km de Koutiala, des sorciers démasqués sont, nous rapporte-t-on, passés aux aveux. « Je suis une sorcière et je fais partie d’une confrérie. J’ai  mangé plusieurs personnes par voie de sorcellerie. C’est ma tante qui m’a initiée à cette pratique », aurait déclaré une sorcière. Plusieurs vieilles femmes ont été accusées par les pasteurs d’avoir mangé leurs petit-enfants par le moyen de la sorcellerie. La situation crée vite un climat de méfiance et de tension entre parents et voisins dans la commune.

Dans le village de Sinkolo, même constat. Là aussi, des personnes sont accusées  de sorcellerie par les émissaires du pasteur de Worodara. Un sorcier démasqué aurait avoué: « J’ai tué 3 membres de ma famille après les avoir transformés en animaux. Je suis  également à  la base des échecs scolaires de certains jeunes du village. J’ai mangé en sorcellerie les fœtus de certaines femmes. J’ai offert  mon propre fils à ma confrérie. Je suce le sang des victimes ».

Le hic, c’est que les personnes accusées ou convaincues de sorcellerie font régulièrement l’objet de tentatives d’agressions de la part des villageois. Une atmosphère délétère s’est installée un partout dans les communes où opèrent les pasteurs chrétiens.

Le tribunal saisi

Pour prévenir des affrontements intra-communautaires, le maire de Tièrè, Adama Traoré, a saisi le préfet et le procureur de Koutiala. Ces autorités n’ont pas levé le petit doigt. Ce qui a permis aux pasteurs de poursuivre leur office dans le village de Tono Djonbougou. Là, c’est le chef de village lui-même, Sékou Dembélé, qui sera accusé de sorcellerie par les pasteurs. Dembélé ne se laisse pas faire; se sentant blessé dans son honneur, il porte plainte pour diffamation devant le tribunal de Koutiala. Il demande que  les pasteurs soient condamnés à une peine de prison, mais aussi à 500. 000 FCFA de dommages et intérêts. Sera-t-il entendu ? En attendant, comme les prévenus n’ont pas été arrêtés, ils continuent de vendre leur potion anti-sorcier à 5000 FCFA.

 


Mali : la liberté d’expression menacée

J’avais, il y’a quelques mois dis à un ami que la disparition du journaliste du « Sphinx », Birama Touré, constituait une sérieuse menace qui planait sur la liberté d’expression au Mali. Cet ami ne voulait pas croire à une menace qui planerait sur la liberté d’expression au Mali. Pour argumenter son point de vue, il m’a ramené au discours du président de la République Ibrahim Boubacar Keita, prononcé au peuple, après avoir pris part à la marche de soutien aux journalistes de « Charlie Hebdo ».

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Dans ce discours mon président expliquait qu’il a participé à cette marche pour magnifier la liberté d’expression qui est un pilier de la démocratie. En outre, IBK promettait de mettre tout en œuvre pour défendre la liberté d’expression et protéger les journalistes. Ce discours n’a pas permis de fléchir ma position. Cette semaine, l’interpellation du chroniqueur radio surnommé « Ras Bach» est venu réconforter ma conviction sur la menace qui planait sur la liberté d’expression. Ce nommé « Ras Bach » qui d’ailleurs avait été présenté à tort comme un bloggeur. Mais très vite, nous bloggeurs du Mali avons mis les pendules à l’heure en prouvant qu’il n’était pas un de nous.

Sur les réseaux sociaux, un groupe spontané de jeunes s’est formé pour demander la libération de « Ras Bach ». Réunis devant le tribunal où se tenait l’audience du chroniqueur, ces jeunes ont eu un accrochage avec la police. Ces heurts ont occasionné la mort d’un manifestant et plusieurs blessés. Ces jeunes ayant remis les manifestations pour le jour suivant, le gouvernement de mon pays n’a pas trouvé mieux que de faire censurer les réseaux sociaux par les 2 opérateurs de téléphonie. Oui, vous ne rêvez pas ! Depuis le mercredi 17 août 2016, les réseaux sociaux ne fonctionnent pas au Mali.

Une atteinte grave à la liberté d’expression. Cet énième acte posé par notre gouvernement a poussé mon ami en toute responsabilité à me donner raison. La tentative de musellement de la presse et nous autres blogueurs par le gouvernement malien vient de prendre une proportion inquiétante avec cette censure. Ce billet, je l’écris pour prendre à témoin l’opinion nationale, internationale et les défenseurs de la liberté d’expression que la liberté d’expression est en danger au Mali. Pour l’instant, nous autre utilisateurs des réseaux sociaux comme « Facebook » et « Tweeter » prenons notre mal en patience.


Tragédie au champ du chanteur Abdoulaye Diabaté: un gardien est assassiné par ses 2 collègues

Deux jeunes employés du célèbre chanteur Abdoulaye Diabaté se sont rendus coupable d’assassinat sur la personne de leur collègue de 50 ans. Récit…

Tragédie au champ du chanteur Abdoulaye Diabaté: un gardien est assassiné par ses 2 collègues
Tragédie au champ du chanteur Abdoulaye Diabaté: un gardien est assassiné par ses 2 collègues

L’affaire défraie la chronique à Koutiala, la capitale de l’or blanc. Le vendredi 5 août 2016, tôt le matin, des paysans de Wolobougou, bourgade située à 11 Km de Koutiala, sur la route de Ségou, découvrent le corps sans vie d’un homme baignant dans une mare de sang. Immédiatement, ils informent les policiers présents au poste de contrôle situé à quelques mètres du lieu de la découverte. Ceux-ci, à leur tour, saisissent Abdelkader Kéita, le commissaire de police de Koutiala, qui dépêche sur les lieux une équipe d’enquêteurs. Les limiers constatent que la victime, âgée d’environ 50 ans, a le crâne brisé. A ses côtés se trouve une bicyclette.

Traces de sang

En bons spécialistes, les policiers remarquent des traces de sang qui se poursuivent sur une piste jusqu’à la voie goudronnée. Curieux, ils suivent les traces de sang sur une distance de plus de 4 km; les traces de sang s’arrêtent dans le champ d’Abdoulaye Diabaté. Ce dernier n’est pas un inconnu: natif de Koutiala où il exerce depuis des décennies, c’est un musicien et un griot de réputation internationale. Qu’a-t-il à voir dans ce dossier ? Les policiers trouvent dans le champ un jeune homme de 25 ans du nom de Fousseyni Bakayoko. Interrogé sur les raisons de sa présence dans le champ de Diabaté, il dira être l’un des trois ouvriers en service en ce lieu. A la question de savoir où se trouvent ses deux collègues, Fousseyni répond que l’un, du nom d’Alassane Ag Aboubacrine Cissé, est parti en ville pour réparer sa bicyclette et que l’autre, du nom de Souleymane Sogoba, se trouve « en brousse ». Les policiers font le tour du champ et tombent, dans un recoin, sur une mare de sang. Interrogé sur l’origine de ce sang, Fousseyni Bakayoko perd ses moyens. Acculé, il passe aux aveux. I

l dira ainsi aux agents de police que le sang découvert est celui d’Alassane Ag Aboubacrine Cissé qui a été assassin par lui et Souleymane Sogoba. Fousseyni ajoute que lui et son complice ont, après le forfait, transporté le cadavre au bord de la voie goudronnée pour faire croire qu’il a été victime d’un accident de la circulation.

Les raisons d’un crime

Fousseyni Bagayoko révèle à l’équipe d’enquête le mobile de l’assassinat. A ses dires, la victime était le tout premier gardien engagé au champ par le chanteur Abdoulaye Diabaté; il était donc le premier responsable du champ. « Depuis notre prise de fonctions, un problème de leadership nous a opposés à Cissé. Voilà pourquoi Souleymane et moi ‘avons décidé de nous débarrasser de lui « , a expliqué Fousseyni. Mais là, il ne dit pas toute la vérité ! Quand son complice est, à son tour, arrêté et que les deux tueurs sont conduits au commissariat, ils reconnaîtront tous deux avoir fracassé la tête de Cissé nuitamment, à l’aide d’une daba, afin de l’empêcher de dénoncer au chanteur Diabaté un vol qu’ils avaient commis. Déférés devant le procureur, ils soutiendront la même version. Les investigations ont permis de découvrir qu’en fait, les deux jeunes hommes avaient volé une vache appartenant à leur patron, Abdoulaye Diabaté, auquel ils avaient fait croire que l’animal avait disparu. La vache a, par la suite, été revendue par les deux voleurs à un berger. Comme par miracle, l’animal s’est échappé de chez son nouvel acquérueur pour rejoindre le champ de Diabaté. S’étant mis à la recherche de la vache qu’il venait d’acheter, le nouveau propriétaire l’aperçoit dans le champ de Diabaté; il s’y présente tout naturellement pour récupérer son bien. Et il tombe sur le gardien Cissé qui est tout étonné de voir quelqu’un émettre des droits sur la vache et, surtout, prétendre qu’il l’avait achetée à Fousseyni et Souleymane, les deux collègues de Cissé. Ce dernier comprend alors que ses deux jeunes collaborateurs avaient volé la vache. Il prend la décision de les dénoncer à leur patron commun: le chanteur Abdoulaye Diabaté. De peur d’être dénoncés et, par voie de conséquence, de perdre leur emploi et leur liberté, les deux jeunes voleurs assassinent le pauvre et honnête Alassane Ag Aboubacrine Cissé.
Selon nos informations, depuis qu’il a appris le meurtre de Cissé, le chanteur Abdoulaye Diabaté est inconsolable. Alassane Ag Aboubacrine Cissé se trouve au service de Diabaté depuis une décennie. « Il était devenu un membre de sa famille », nous relate un témoin. Accusés d’assassinat, Fousseyni Bakayoko et Souleymane Sogoba ont été placés sous mandat de dépôt le mercredi 10 aout 2016.


Mali : le diamantaire sous le bâton

Après avoir ramassé un diamant de 20 kg, Oumar Sabo a, contre toute attente, perdu le sourire. Je l’ai rencontré.

L’histoire commence un matin d’avril 2016. Ce jour-là, Oumar Sabo se trouve dans le village de Papara, situé sur le territoire ivoirien, près de la frontière malienne. Sabo décide de rejoindre des parents dans un hameau dénommé Allahmdouliilaye-Dadjan, qui dépend du village de Finkolo, dans la commune malienne de Fourou. Il loue les services d’un motocycliste qui le dépose au bord du marigot : la limite entre le Mali et la Côte d’Ivoire. Le reste du chemin ne consiste qu’à traverser le lit du marigot pour se retrouver dans le hameau. Oumar Sabo le fait donc à pied. Pendant la traversée du marigot, le jeune homme aperçoit une pierre qui brille comme le soleil. Pour avoir travaillé dans des mines traditionnelles, il y a quelques années, il comprend que la pierre brillante n’est rien d’autre qu’un diamant. Fou de joie, il ramasse la pierre et fonce dans le premier bureau d’achat de pierres précieuses de la localité.

Le gérant du bureau, Youssouf Poudiougo, le reçoit. Oumar Sabo lui présente sa pierre. Après avoir vérifié la trouvaille, Youssouf Poudiougo confirme qu’il s’agit bien d’un diamant de 20 kilos d’une valeur marchande de 40 milliards de FCFA ! Poudiougou offre d’acheter la pierre et propose à Oumar Sabo 40 milliards de FCFA. Il fait photographier Sabo, le futur milliardaire et promet de délivrer une attestation certifiant la réception du diamant par son bureau. Youssouf Poudiougo, profitant de la naïveté du jeune, lui dit d’attendre dans le bureau: « Je me rends de ce pas à Fourou pour légaliser l’attestation de réception que je viens de te signer ». Sabo attend donc, rêvant déjà de ce qu’il fera de la pluie de milliards qui s’annonce sur sa tête bénie. Quelques heures plus tard, Poudiougou revient avec une attestation. Problème: elle n’est pas légalisée. Pis, sur l’attestation (dont j’ai obtenu copie), il est mentionné que « Oumar Sabo reconnaît avoir reçu des mains de Oumar Sabo » la pierre précieuse.

Un non sens puisque l’attestation est censée prouver que la pierre a été remise à Poudiougou ! Ne sachant pas lire, Oumar Sabo ne comprend pas que son nom est répété deux fois sur l’attestation et la décharge. Vers 15h, ce même 2 avril 2016 Poudiougou prend dans son véhicule 4X4 Oumar Sabo pour Bamako avec la promesse de verser à Sabo le prix de vente de la pierre: 40 milliards. Dans le véhicule, Poudiougou fait entrer trois autres hommes. Des gaillards. Le voyage se passe bien jusqu’à l’entrée de Bamako. Poudiougou arrête le véhicule dans un endroit obscur et en descend au motif que c’est là que les 40 milliards lui seront remis. Dans la foulée, Poudiougou colle son portable à l’oreille, faisant mine d’appeler ses riches clients. Au même moment, les trois gaillards encerclent Sabo et le rouent de coups. Il est ligoté et laissé pour mort. Revenu à lui-même le matin, il pousse des cris de détresse qui attirent l’attention d’un passant. Celui-ci lui pose des questions. Après avoir raconté sa mésaventure, Sabo est détaché par le passant. Il rejoint en pleurant son village.

Un mois plus tard, guéri de ses blessures, l’infortuné diamantaire revient à Bamako pour réclamer sa pierre à Poudiougou qui le croit mort. Poudiougou est-il encore à Bamako ? Quelle preuve Sabo pourra-t-il utiliser pour le confondre devant la justice ? Sabo, décidé à récupérer sa pierre même au prix de sa vie, entend user de toutes voies de droit. Selon lui, une connaissance commune a appelé Poudiougou au téléphone; ce dernier aurait reconnu avoir fait bastonner Sabo qui, à ses dires, était en train de « perdre la tête ». Avec une pierre de 40 milliards, il y a de quoi, en effet, perdre ses esprits…


Prison de Kati: comment on arnaque les détenus

Suite à des informations faisant état d’arnaques subies par les détenus de la maison d’arrêt de Kati, au Mali, je me suis rendu dans cette prison pour en avoir le cœur net. Dans le couloir qui conduit à la salle de visite et en face du bureau du régisseur de la prison, un tableau noir renseigne sur « l’effectif journalier » des détenus. Le jour de mon passage, le mardi 21 juin 2016, j’apprenais ainsi que la prison de Kati accueille 261 détenus. Comme toutes les prisons du Mali, à Kati, on ne franchit aucun portique électronique avant de pénétrer dans l’enceinte de l’édifice. Il n’y a pas non plus de détecteurs de métaux auxquels se soumettraient d’éventuels visiteurs. On présente sa pièce d’identité et le permis de visite délivré par un juge pour avoir accès à la prison. S’ensuit une légère fouille au corps pour s’assurer que le visiteur ne porte pas sur lui un téléphone ou tout autre objet suspect.

100.000 FCFA pour sortir de l’enfer

Selon des détenus que nous avons interrogés sous couvert de l’anonymat, lorsqu’un détenu est admis à la maison d’arrêt de Kati, il est délibérément placé derrière une grille fort insalubre et très surpeuplée. La chaleur y est étouffante. Les corps en sueur sont allongés à même le sol ou sur des matelas crasseux qui s’en vont en lambeaux. Ces souffrances conditionnent le détenu à accepter un marché: payer la somme de 100. 000 FCFA pour bénéficier de conditions de détention plus souples. Lorsqu’il verse cette somme, il est immédiatement transféré dans une cellule propre, bien aérée et dotée de 17 lits. Dans cette pièce dotée de toilettes intérieures, chaque détenu a son lit. La dîme de 100.000 couvre le « loyer » pour toute la durée de la détention, à moins que celle-ci ne soit exceptionnellement longue et ne conduise à une petite rallonge.
L’arnaque ne s’arrête pas là. Selon les détenus, l’accès à la grande cour de la Maison d’arrêt nécessite le paiement de la somme de 15.000 FCFA. Moyennant quoi, pendant tout son séjour, le détenu peut se dégourdir les jambes aux heures d’insomnie ou d’ennui. Pis: tout visiteur à la prison doit payer 2000 FCFA aux gardes de service pour avoir le droit de communiquer avec les détenus. Les 2000 FCFA remplacent, au besoin, l’exigence d’un permis de visite. Cependant, nos interlocuteurs reconnaissent que l’alimentation est d’une qualité acceptable. Ils affirment aussi recevoir régulièrement des soins de la Croix Rouge malienne. Les détenus musulmans déplorent, pour leur part, l’absence de mosquée dans la prison, alors qu’une église y est bâtie. De quoi faire douter des statistiques qui font croire que le Mali abrite 99% de musulmans ! L’église en cause est l’œuvre d’une association chrétienne qui procède à des distributions régulières d’évangiles dans l’édifice carcéral. Les détenus estiment avoir des droits et souhaitent que le département de tutelle veille à leurs conditions de vie. Et ce n’est pas les pièces adéquates qui manquent à la maison d’arrêt ! Interrogé par nos soins, un garde pénitentiaire rit à gorge déployée. « Vous parlez de Kati, mais les mêmes pratiques sont observées dans toutes les prisons, à commencer par celle de Bamako-Coura ! ».