Guindo Abdoulaye

Mali : 3 millions de personnes en insécurité alimentaire

En janvier 2012, les forces obscurantistes (Mujao, Ansar Dine, Aqmi) et leurs alliés: les groupes armés indépendantistes (MNLA, HCUA, MAA, etc.) envahissaient le Mali, mon pays. Depuis, la situation humanitaire ne fait que s’aggraver.

Sous le feu des armes et la terreur des djihadistes, les populations des régions occupées n’avaient qu’une seule option : fuir. Ainsi, 90 218 personnes se sont déplacées à l’intérieur du pays et 136 821 sont réfugiées dans les pays voisins. Toutes ces personnes et celles restées sont en situation d’insécurité alimentaire. La dégradation de la situation sécuritaire après la signature de l’accord est venue augmenter les besoins humanitaires.

La dégradation de la situation sécuritaire a entraîné la fermeture de plus de 450 écoles et mis plus de 2 700 000 personnes en situation d’insécurité alimentaire. Pour secourir toutes ces personnes, les organisations humanitaires au Mali ont lancé un appel de 377 millions de dollars. Sur les 377 millions de dollars, seulement 33 % a été mobilisé soit 125 millions de dollars.

Selon, Toby Lanzer, le coordinateur humanitaire pour le Sahel, ce faible taux de mobilisation s’explique par le fait qu’il y a plusieurs crises à travers le monde qui génèrent des besoins humanitaires auxquels, il faut aussi faire face. Tout compte fait, ce faible taux à des conséquences, car la malnutrition aigüe menace 715 000 enfants à travers le pays. Dans la région de Tombouctou, cette malnutrition dépasse le seuil d’urgence. Ce constat a été fait par Toby Lanzer.

S’exprimant sur le cas de Kidal, le conférencier annonce, en collaboration avec les autorités maliennes l’ouverture des classes en octobre prochain. Pour y arriver, le coordinateur régional propose que tous les acteurs (l’Etat du Mali, les groupés armés signataires, les enseignants et parents d’élèves) soient sensibilisés afin qu’ils ne fuient pas leurs responsabilités. Pour lui, toute une génération est en voie d’être perdue. Aujourd’hui plus que jamais, pour sauver des vies, il faut que les organisations humanitaires aient les ressources nécessaires. Enfant malnutri


Promotion du blogging et des réseaux sociaux au Mali : « Doniblog » lance le projet « Impact Mali »

Contribuer à la bonne gouvernance via des solutions innovantes, inciter l’innovation chez les jeunes, favoriser l’émergence de nouvelles idées, aider les jeunes à embrasser l’entreprenariat privé ce sont les principales motivations qui ont poussé des bloggeurs maliens à se réunir au sein de Donilblog ».

A l’issue d’une assemblée générale constitutive, ma modeste personne a été portée à la tète du regroupement. « Doniblog » composé du mot bambara « doni » qui veut savoir et « blog ». Par ce nom nous comptons faire de nos différents blogs des lieux d’échanges d’expériences et de connaissances. Nous avons procédé ce samedi 25 juillet 2015, à l’hôtel Salam, au lancement officiel de notre projet intitulé « Impact Mali ».

La cérémonie était présidée par Moustapha Diawara, chargé de mission au ministère de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication en présence de Sokon Sabara, directrice de la communication et du marketing du groupe Azalai et de votre fidèle serviteur. Sokon Sabara, dans son allocution dira que le groupe Azalai, au-delà de l’aspect économie, a un volet formation. D’où, la décision du groupe Azalai à soutenir le projet « Impact Mali » de l’association « Doniblog ».

Lors de cette rencontre, j’ai souligné que le blogging est méconnu des Maliens, raison pour laquelle nous nous fixons l’objectif de faire la promotion du blogging dans un cadre moderne. Notre stratégie vise à sensibiliser les jeunes sur l’importance du blog et des réseaux sociaux à travers leur meilleure utilisation.

Pourquoi le projet « Impact Mali ». Ce projet se veut être un rendez-vous mensuel pour les amoureux des TIC, entrepreneurs, innovateurs et passionnés de culture, mais aussi des personnes en quête de motivation et d’inspiration. L’activité est organisée par Doniblog en partenariat avec le groupe Azalaï hôtel qui a accepté de croire en nos objectifs. Dans ce projet, nous avons l’accompagnement du ministère de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication du Mali.

La cérémonie a été agrémentée par la prestation de nos amis slamuers. Nous nous donnons rendez-vous le 28 août prochain pour l’acte 2 du projet. Vive le blogging


Engrais frelatés la vérité sur un scandale à 60 milliards

Le Mali, qui est un pays à fort potentiel agricole, voit sa prochaine saison agricole menacée du fait de cette fameuse affaire d’engrais frelatés. Depuis quelques mois, des engrais frelatés ont été livrés aux agriculteurs par un fournisseur sans scrupule. Nous avons mené notre enquête pour en avoir le cœur net.

Rappel des faits

Depuis plusieurs années, le gouvernement du Mali accorde 14, 48 % du budget national au secteur de l’agriculture et injecte 60 à 70 milliards de F CFA dans la subvention des intrants. A côté des traditionnels fournisseurs d’engrais, qui ont toujours bien fait leur boulot, de nouveaux fournisseurs sont entrés par effraction dans le secteur. Ils ont fait entrer sur le territoire national des engrais de mauvaise qualité. Ces engrais avaient été, dans un premier temps, commandés par le Burkina Faso auprès d’une société de droit malien.
Lorsque le navire qui transporte les engrais accoste au port d’Abidjan, une odeur nauséabonde s’en dégage. Paniquées, les autorités ivoiriennes croient à l’arrivée d’un nouveau bateau pollueur du genre Probo Koala, qui avait déversé, en septembre 2006, des déchets toxiques dans la capitale ivoirienne, faisant plusieurs morts. Une délégation ministérielle ivoirienne se rend immédiatement au port d’Abidjan pour en savoir davantage sur le bateau suspect. Elle constate que les odeurs proviennent d’un bateau chargé d’engrais. Un échantillon d’engrais est vite analysé. Les résultats sont sans appel : les engrais sont frelatés. Il ressort des analyses qu’ils sont à base d’une roche phosphatée non réglementaire. Le taux de calcium est trop élevé (15-35ppm). Quant au taux de plomb, il est également élevé (10-20ppm). Pour ce qui est du taux de chrome, l’on note 120-160ppm, largement au-delà des standards. Ces données attestent que les produits sont non seulement mauvais, mais en outre hautement dangereux.
Le ministre ivoirien de l’Agriculture en informe, par correspondance, son homologue du Burkina Faso. Celui-ci annule la commande au moment où, plusieurs camions de 60 tonnes, chargés des dangereux intrants agricoles, quittent le Port Autonome d’Abidjan en direction du Burkina. Les camions, une fois à la frontière burkinabè, font demi-tour pour se diriger vers la frontière malienne. Le ministre ivoirien avait informé son homologue malien, Bocary Téréta, de la possibilité que les engrais soient introduits au Mali. En vain.

Les réactions

Le 25 mai, lors du Conseil supérieur de l’Agriculture, le premier à réagir à l’affaire d’engrais est le président Ibrahim Boubacar Keïta lui-même. L’hôte de Koulouba se déclare très vigilant et promet de suivre tout le processus de livraison des intrants aux paysans maliens. Il promet des poursuites contre toute personne qui livrerait des engrais frelatés. Ce discours ressemble, hélas !, à celui du médecin après la mort, car à la date du 25 mai, les engrais frelatés sont au Mali et sont même livrés à certains paysans.
Le premier ministre Modibo Keïta, lors de sa déclaration de politique générale devant les députés le 11 juin 2015, est interpellé sur la question. Il reconnaît qu’une importante quantité d’engrais frelatés a été importée. Selon lui, l’affaire est d’intérêt national et mérite une attention particulière. Il promet que les coupables seront punis : « Il n’y aura aucune impunité ! » Il annonce l’ouverture d’une enquête pour démasquer les réseaux mafieux impliqués dans le trafic.
Interpellé par le député Bakary Koné, élu à Koutiala, le ministre du Développement rural, Bocary Téréta, se défend tant bien que mal. Il dira avoir été informé de la présence des engrais par la Direction nationale de l’agriculture à travers un rapport relatif aux analyses chimiques d’échantillons réalisées par le laboratoire  » Sol-Eau-Plante  » de Sotuba en mars 2015 et des laboratoires internationaux saisis par ses soins.Le ministre reconnaît que sur 163 échantillons d’engrais prélevés en zones CMDT/OHVN, il a été révélé que 3 404 tonnes, soit 37 % des échantillons, sont hors norme.  » Un engrais hors norme ne répond pas aux critères de qualité requis. Il n’est pas d’assez bonne qualité pour corriger les carences des sols en vue d’assurer une nutrition équilibrée des cultures. Cependant, toute formule d’engrais chimique est mise au point en fonction de la composition agro-chimique des sols et des besoins des plantes. De ce fait, un engrais  » peut être de mauvaise qualité pour un type de sol, mais bon pour un autre type, précise Téréta. La déficience en éléments nutritifs par rapport aux normes fixées par les textes ne veut pas dire que les engrais sont périmés ou frelatés, comme on le dit dans certains médias de la place ou dans certains relais de groupes d’intérêt ou de pression. Ils ne sont pas non plus toxiques comme certains ont eu à le dire « . Cependant, Téréta reconnaît que la qualité de ces engrais peut influer négativement sur l’atteinte des objectifs de production du fait que les plantes ne bénéficieront pas des quantités d’éléments nutritifs nécessaires pour développer tout leur potentiel. Téréta confirme nos informations sur la lettre d’avertissement du ministre ivoirien sur la possibilité d’entrée des engrais de mauvaise qualité au Mali : « J’ai tenu, par souci de transparence, à organiser une rencontre avec tous les acteurs concernés pour leur restituer les résultats et les tenir informés de la teneur de la lettre de mon homologue de Côte d’Ivoire, qui attirait mon attention sur l’importation et la commercialisation en Côte d’Ivoire et dans la sous-région d’engrais non conformes. Cette lettre nous demandait aussi de prendre des dispositions pour protéger les producteurs qui sont les utilisateurs finaux de ces engrais « .

La seule autorité malienne à nier la présence d’engrais frelatés au Mali reste le PDG de la CMDT, Kalifa Sanogo. En deux sorties médiatiques, le PDG dira haut et fort qu’il n’existe pas d’engrais frelatés au Mali. Pour lui, les engrais fournis sont plutôt  » hors norme  » en raison du déséquilibre de certaines composantes :  » Le terme  » frelaté ne s’applique qu’aux liquides: il y a de l’huile frelatée, de l’alcool frelaté, mais le mot ne s’applique pas aux corps solides « . Aux dires du docte PDG, l’enjeu est ailleurs : le Mali doit parvenir à fabriquer ses propres produits pour ses paysans. Depuis la restructuration de la CMDT, celle-ci est, selon son patron, mise à l’écart dans le processus d’achat et de distribution des intrants. Ce volet est confié à la Coopérative des producteurs de coton présidée par Bakary Togola. Pour la campagne 2015-2016, la Coopérative a commandé 224 000 tonnes d’engrais réparties comme suit : Afrique-Auto (4000 t), Agro Tropic (400 t), Ciwara (1500 t), OPA (11 000 t), GDCM (17 325 t), Mamadou Simpara (2 396 t), Partenaire Agricole (4 000 t), SAD (1 500 t), Sangoye (1060 t), Satracom (600 t), SMIAS (500 t), Sogefert (5 569 t), SOMADECO (21 000 t), Sapam (500 t), Souad distribution (2 340 t) et Toguna Agro-industries (25 310 t). Seules 50 000 tonnes ont été livrées.  » Les échantillons prélevés l’ont été sur les 50 000 tonnes. Les engrais de mauvaise qualité étaient de 3404 tonnes, soit moins de 2 % du total analysé « , révèle le PDG.

Le PARENA accuse IBK

Le PARENA, parti dirigé par Tièbilé Dramé, se saisit du dossier en menant sa propre enquête. De cette enquête, il ressort que l’affaire est plus grave que tous les autres scandales que le Mali a connus. Selon le PARENA, le marché de l’engrais et des pesticides est la poule aux œufs d’or de certains dirigeants au Mali. Bon an, mal an, il leur rapporte des dizaines de milliards de FCFA. Pour la campagne agricole 2015-2016, le magot atteint plus de 60 milliards pour les engrais et 20 milliards pour les pesticides. Le rapport accuse :  » Les protagonistes du scandale en cours sont les deux fournisseurs: le président du syndicat des producteurs de coton, le GIE qu’il préside, le ministre du Développement rural et le président de la République. Les victimes sont : le paysan, le contribuable, le consommateur et l’Etat maliens « . Le Parena d’ajouter que Toguna, créée en 2008, s’est imposée très vite comme un opérateur majeur du marché des engrais. « Adjudicataire, à l’issue du dépouillement du 4 octobre 2014, de 136 000 tonnes sur les 247 000 tonnes (mises en compétition), Toguna a saisi officiellement le gouvernement, en novembre 2014, de la qualité douteuse des engrais fournis par la société Somadeco, le principal fournisseur. Après plusieurs semaines d’atermoiements, les autorités ont fini par ordonner des analyses en laboratoire. Pour vérifier la qualité des engrais livrés, des échantillons ont été prélevés chez tous les fournisseurs sur un total de 9 000 tonnes livrées. Les résultats provisoires, communiqués, le 8 avril, par la Direction nationale de l’Agriculture, ont démontré que 37 % des 9 000 tonnes ne correspondent pas aux normes de la Cédéao, car déficitaires en phosphate, azote, potasse et autres éléments nutritifs… ». Le PARENA estime que rien ne permet de penser que le président de la République n’était pas au courant de cette ténébreuse affaire connue de plusieurs ministres et du premier ministre depuis le début. Le président IBK, selon le parti, a reçu, le 2 mars 2015 au Palais de Koulouba, le Collectif des producteurs de coton pour la défense de la bonne gouvernance qui l’a longuement entretenu des fonctionnements de l’Union des coopératives, de la fin du mandat de Bakary Togola depuis 2013, de la violation des textes régissant les sociétés coopératives et de la mauvaise gouvernance des organisations paysannes. Le président IBK a promis aux cotonniers rencontrés qu’il allait s’occuper de l’affaire… Plusieurs mois auparavant, le 4 octobre 2014, IBK avait, selon le PARENA, reçu à Sébénicoro Bakary Togola venu lui soumettre les résultats de l’attribution des marchés d’engrais. Après s’être rassuré que les heureux bénéficiaires des contrats de milliards sont des opérateurs économiques amis, le chef de l’Etat a, toujours selon le parti du  » bélier blanc « , validé les résultats du dépouillement fait par l’équipe de Bakary Togola. Ces mêmes résultats avaient été préalablement approuvés par le ministre du Développement rural, Téréta. Aux anges, Bakary Togola quitta la résidence de Sébénicoro, escorté par deux motards de la sécurité présidentielle qui l’ont conduit à son bureau. Au regard de ces faits, le PARENA exige la démission de ministre du Développement rural, Bocary Tréta, celle de Bakary Togola, ainsi que la dissolution du GIE que ce dernier dirige. Les accusations du PARENA ne doivent, peut-être pas être prises pour argent comptant puisque le parti est encarté à l’opposition; cependant, il convient que le chef de l’Etat réagisse pour mieux édifier les Maliens.

Les procureurs se prononcent

Dans un communiqué rendu public le 22 juin, l’Association malienne des procureurs et poursuivants (AMPP) s’est dit suivre avec attention l’affaire des engrais. L’AMPP exige des poursuites judiciaires contre les auteurs de ce trafic et marque sa défiance envers toute enquête parlementaire.


Internet: Orange-Mali pratique des débits nuls

Face au développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication, les besoins en connexion internet s’accroissent partout dans le monde. Au Mali, petites et moyennes entreprises se plaignent du ralentissement de leurs activités dû au faible débit offert par les fournisseurs d’accès à internet; or, elles ont besoin d’une connexion permanente, illimitée et à haut-débit afin de garantir leur compétitivité sur un marché de plus en plus mondialisé. Pourquoi l’offre ne suit-elle pas? Enquête…

 
Au Mali, un seul opérateur (la société « Orange-Mali ») détient 96% du marché de l’internet fixe. Sa unique concurrente, Sotelma-Malitel, handicapée par les pesanteurs bureaucratiques du départ, n’a pu acquérir les moyens techniques de fournir des services qualitativement acceptables… Profitant de sa position de quasi-monopole, Orange-Mali ne fait rien pour améliorer la connexion internet. Le débit maximal proposé aux usagers est de 384 kilobits pour un prix de 36.000 FCFA par mois. Ce débit n’a pas été augmenté depuis 2009! Le prix n’a pas non plus été réduit depuis 2010 ! A ce débit et à ce prix, le Mali est l’un des pays africains où la connexion est la plus faible et le plus chèrement facturée. Notre pays ne devance, en fait, que la Guinée-Conakry, qui plafonne à 256 kilobits, et le Niger qui plafonne à 384 kilobits vendus à 83000 FCFA par mois. En revanche, au moment où le Mali vend 384 kilobits à 36. 000 FCFA par mois, le Sénégal offre jusqu’à 1 mégabit (le triple du débit malien) à seulement 29. 900 FCFA par mois. En Côte d’Ivoire, les utilisateurs bénéficient d’un débit de 512 kilobits au prix de 31. 000 FCFA par mois. En Mauritanie, les 384 kilobits sont facturés à l’équivalent de 6.950 FCFA, soit 5 fois moins cher qu’au Mali. En Algérie, pour l’équivalent de 9.980 FCFA par mois, vous avez 512 kilobits. Au Ghana, les 512 kilobits sont vendus à l’équivalent de 37.187 FCFA par mois.

 
Orange-Mali offre, certes, des connexions allant de 1 à 2 mégabits, mais le prix est hors de portée de la majorité des usagers: il atteint 300 000 FCFA par mois. Ces connexions s’adressent essentiellement aux services de l’État, à certaines ONG et grandes entreprises. Malgré ces prix exorbitants, les débits proposés restent ridicules en comparaison de ceux pratiqués au grand public dans d’autres pays. Or, la rapidité du débit conditionne le progrès économique des entreprises. Un haut débit, c’est moins de temps perdu et la possibilité de faire plusieurs opérations simultanément: envoyer, par exemple, un fichier lourd tout en continuant de travailler sur l’ordinateur (recherches de fichiers, envois d’email, saisie, etc.). Le haut débit permet aussi d’accéder rapidement au contenu des vidéos et de télécharger vite diverses applications.

 
Selon nos sources, en ne faisant rien pour améliorer la connexision internet proposée au grand public et qui passe généralement par l’appeil « Livebox », Orange-Mali veut obliger ses clients à migrer vers la connexion mobile: la « Flybox ». La Flybox offre en effet un débit beaucoup plus haut et rapide, mais le prix est beaucoup plus cher que la connexion Livebox. Du coup, quiconque acquiert la Flybox enrichit davantage Orange-Mali. Renaud Gaudin, un expert en connexion internet que nous avons interrogé, explique qu’Orange-Mali utilise, en matière d’internet, la technologie WiMAX (BLR), avec des équipements de marque Alvarion qui limitent la qualité et la vitesse du débit fournis aux clients à 70 mégabits. Bien que cette technologie soit aujourd’hui dépassée, elle offre à Orange-Mali une marge d’augmentation du débit: l’actuel débit peut être multiplé par 186 ! Pourquoi Orange-Mali n’opère-t-elle pas cette augmentation ? Pressée de questions par l’association « Mali 100 Méga », qui se bat pour l’augmentation de la qualité de l’internet au Mali, Orange-Mali a tenu, mercredi 6 mai 2015 à son siège, une rencontre avec les responsables de l’association.

 

Au cours de la rencontre, Orange-Mali a déclaré que son débit est faible à cause du fait qu’elle utilise le réseau de connexion 3G. Ce réseau est, selon Orange-Mali, saturé; pour augmenter le débit, il faut, aux dires d’Orange-Mali, passer au réseau 4G dont l’accès n’aurait pas, jusqu’à présent, été autorisé par l’Autorité Malienne de Régulation des Télécommunications (AMRTP). Pourquoi ce refus de l’AMRTP? Orange-Mali prétend ne pas y trouver d’explication et affirme avoir vainement adressé une demande d’accès à l’AMRTP. Mais des sources indépendantes estiment que l’accès au réseau 4G ne peut être autorisé qu’après une coûteuse étude et le paiement par Orange-Mali d’une somme très élevée qui pourrait frôler les 100 milliards de FCFA. On soupçonne Orange de fuir des investissements de cette taille…

Les prix pratiqués par Orange-Mali sont trop élevés pour la bonne raison que cette entreprise achète une bande passante (canal qui transporte le flux internet) auprès d’Orange-Sénégal et Orange-Côte d’Ivoire. Les prix auraient été beaucoup plus faibles si Orange-Mali acquérait pour de bon sa propre bande passante, ce qu’elle n’a pas fait jusqu’à présent malgré ses bénéfices colossaux (250 milliards de FCFA en 2014). En effet, la bande passante constitue la majeure partie du coût de la connexion par l’utilisateur final. un regroupement d’utilisateurs En tout cas, les arguments d’Orange-Mali ne convainquent nullement l’association « Mali 100 Mega » qui ne comprend pas qu’un seul opérateur capte la quasi-totalité du marché et cesse toute évolution pendant plus de 5 ans. « Nous avons interpellé, le 21 avril 2015, l’AMRTP, le Ministre de l’Économie Numérique ainsi que la Commission parlementaire chargée des Technologies. Nous attendons que ces autorités examinent le cas d’Orange-Mali », nous confie un membre de l’association. Notre interlocuteur est d’autant plus révolté qu’au Sénégal, en Côte d’Ivoire et ailleurs dans la sous-région, les débits et les prix sont pratiqués par la société Orange à la satisfaction des clients, alors qu’au Mali, la filiale locale d’Orange en fait à sa tête. Serait-ce par mépris pour les Maliens?


IBK ou la politique du balai : Les institutions malades de l’instabilité

balayeur-de-rue-Le principal trait de caractère des institutions sous IBK est l’instabilité en raison des changements incessants de cadres et de ministres. Et la chose n’a rien de bon…

 

 

Elu à 77% des voix par les Maliens dans l’espoir qu’il sortirait le Mali du gouffre, le président Ibrahim Boubacar Kéita semble tergiverser tant dans sa politique que dans le choix de ses hommes. La relance économique et la sécurité restent encore des mirages pour les Maliens. Un facteur n’est peut-être pas étranger à cette situation: l’instabilité ministérielle et administrative. En effet, pour faire face aux nombreux défis qui leur sont posés, les cadres nommés doivent pouvoir bénéficier du temps nécessaire à l’étude des dossiers, à la construction d’une stratégie de travail, à la prise des décisions et au suivi de leur exécution. Or, l’administration publique, sous IBK, se caractérise par une instabilité chronique qui nuit gravement à la qualité de la gouvernance et plonge les fonctionnaires dans la psychose : ne sachant pas de quoi demain sera fait, ils perdent tout esprit d’initiative et se préoccupent du minimum vital: sauvegarder leur pain quotidien.

 

 

 

De septembre 2013 à nos jours, le Mali a connu trois Premiers Ministres (Oumar Tatam Ly, Moussa Mara et Modibo Kéita). Chacun de ces Premiers Ministres vient avec de nouveaux ministres qui sont limogés ou changent de portefeuille avant même d’entamer les tâches qui leur sont confiées. Ces changements incessants produisent leur pire effet quand ils frappent des départements sensibles comme l’Education, les Finances, l’Administration Territoriale, la Justice et la Défense. Ainsi, en moins de deux ans, le ministère de la Défense a connu trois titulaires différents (Soumeylou Boubèye Maiga, Ba Ndaw et Tiéman Hubert Coulibaly); le département de l’Education a connu, pour sa part, deux ministres (Jacqueline Togola et Berthélémy Togo); celui des Finances en a aussi connu deux (Madame Bouaré Fily Sissoko et Mamadou Igor Diarra); celui de la Justice en a connu également deux (les homonymes Mohamed Ali Bathily et Mohamed Diarra). Chacun de ces ministres institue ses propres priorités, ses propres méthodes, ses propres hommes et, bien sûr, ses propres hommes. Avec les dégâts que l’on imagine sur la continuité de l’action étatique et la sérénité des interlocuteurs de l’Etat…

 

 
Chargé d’organiser les élections et devant, à ce titre, bénéficier d’une ferme stabilité, le ministère de l’Administration Territoriale est devenue, depuis 2013, une véritable girouette qui ne cesse de changer de tête et de direction. Le département est revenu tout d’abord au général Moussa Sinko Coulibaly, l’organisateur des élections victorieuses de 2013. A la démission du gouvernement d’Oumar Tatam Ly, le général Sada Samaké, un proche d’IBK, est nommé à la tête du département, renommé à l’occasion « Ministère de l’Intérieur »; Sada a alors sous sa tutelle un ministre délégué chargé de la Décentralisation: Malik Alhousseyni. Un trimestre plus tard, nouveau changement: Sada reste ministre de l’Intérieur mais son ministre délégué chargé de la Décentralisation tombe au profit d’un nouveau-venu: Ousmane Sy. Devenu Premier Ministre, Modibo Kéita transforme le ministère de l’Intérieur en un super-ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation qu’il confie à Idrissa Maiga, l’ex-directeur de campagne d’IBK; au passage, Sada doit se contenter du département de la Sécurité et Ousmane Sy est remercié, son poste ayant été rattaché au département-mère.

 

 
Dans ce violent tourbillon qui souffle à la Défense et à l’Administration Territoriale, tout va sens dessus-dessous. Préfets, sous-préfets et chefs militaires ne savent plus à quel saint se vouer. Ils vivent dans la hantise permanente de changer de poste ou de devoir mettre en œuvre le contraire de ce que le ministre précédent leur avait demandé. Sans compter les dommages collatéraux qui peuvent découler pour eux du limogeage de tel ou tel ministre qu’ils avaient cru indéboulonnable en raison de sa proximité avec le chef de l’Etat. En matière d’instabilité, le ministère de la Communication est, avec ceux de la Défense et de l’Administration, champion toutes catégories. Trois ministres s’y sont succédé en moins de deux ans: Jean Marie Sangaré, Mahamadou Camara et Choguel Maiga, l’actuel titulaire. Si Choguel s’est vu attribuer la qualité de porte-parole du gouvernement, ses deux prédécesseurs étaient chargés de communiquer mais pas de porter la parole gouvernementale, ce privilège revenant à l’époque à Mahamane Baby, ministre de l’Emploi.

 

 

Puisque le gouvernement ne cesse de se refaire et de se défaire, les cabinets et les services techniques rattachés aux ministères suivent le même mouvement. Il ne se passe pas de jour sans qu’on assiste à de nouvelles nominations en conseil des ministres. Chaque conseil des ministres ressemble à une razzia. Fait notable, les ministres changent leur cabinet, non au compte-gouttes, mais intégralement. Les deux derniers conseils des ministres du gouvernement Modibo Kéita illustrent parfaitement ce constat.

Lors du conseil des ministres du 28 janvier 2015, le ministre des Finances, Mamadou Igor Diarra, a fait sortir un grand balai en changeant le chef de cabinet et quatre conseillers techniques et chargés de mission. Dans la foulée, il a remplacé les directeurs du Trésor, du Budget et des Douanes, ainsi que le Payeur Général du Trésor, le Receveur Général du district et l’Agent Comptable Central du Trésor. Au conseil des ministres du 4 févier, Dramane Dembélé, ministre de l’Habitat, a lui aussi changé tout son cabinet, de même que certains directeurs de services. A l’instar de Dembélé, le ministre de l’Administration Territoriale a changé une dizaine de préfets et de conseillers des gouverneurs. D’où cette interrogation: l’instabilité sert-elle de politique à IBK ? Traduit-elle l’inefficacité des ministres, l’absence de programme du président ou la volonté de celui-ci de contraindre les ministres et les hauts cadres dans une obéissance aveugle ?


Pour prévenir de nouvelles attaques : que fait l’Etat Malien ?

Dans la nuit du vendredi 6 mars 2015, un attentat terroriste a été perpétré en plein cœur de la capitale. Depuis, les autorités politiques et sécuritaires multiplient les appels au calme, promettant de mettre tout en œuvre pour retrouver les responsables de l’attentat. Pourtant, rien n’est en train d’être fait pour prévenir de nouvelles attaques jihadistes. Nous nous sommes ainsi amusés à faire un tour à la Cité Administrative, siège de la plupart des ministères.
Au portail de la Cité pointent une quinzaine de gendarmes censés garder 25 ministères. Cela veut dire qu’en cas d’attaque armée, chaque ministre ne bénéficiera pas de la protection d’un gendarme, chose anormal dans un pays en guerre. De plus, l’armement des forces de sécurité déployées à la Cité Administrative n’est nullement impressionnant car ion n’y voitr ni armes lourdes, ni blindés, ni semi-blindés. Et au lieu de se tenir en position débout, prêt au combat, les agents prennent le thé en dévisant comme au village, sous l’arbre à palabres. Pour ne rien arranger, les visiteurs de la Cité Administrative sont soumis à la même méthode de contrôle qu’avant l’attaque jihadiste du 6 mars 2015, ce qui signifie que l’on n’a tiré aucune leçon de ladite attaque.
Le reste de la capitale connaît le même laisser-aller sécuritaire. Avant l’attaque jihadiste, il n’y avait aucun risque de tomber sur une patrouille policière dans certains endroits névralgiques de Bamako; c’est toujours le cas. Mademoiselle Fanta Maiga ne nous dira pas le contraire, elle qui a renoncé, le 8 mars, à dîner au restaurant « Le Relax » après s’être aperçue que ledit restaurant, toujours rempli d’Occidentaux, ne bénéficiait d’aucune présence policière après l’attaque jihadiste du 6 mars, commise juste à deux doigts de là. C’est à se demander à quoi servent la police et la gendarmerie !
Occupés à tondre les usagers de la route, notamment les véhicules de transport en commun, les policiers postés aux ronds-points n’accordent aucun intérêt à l’application de la loi. On voit ainsi à longueur de journée des véhicules surchargés s’écraser dans les caniveaux, des files de fêtards encombrer les voies, des camions en panne sèche sur les ponts. Même en cas d’accident, les protagonistes, aux fins de constat officiel, doivent aller louer à prix d’or les services des policiers postés tout près de là et qui font mine de ne rien voir. Le convoi du Premier Ministre n’a-t-il pas ainsi été heurté par une benne ?

Les agents de police portent presque tous, en dessous de leur uniforme, des vêtements civils qu’ils se sont habitués à arborer quand un événement subit met la sécurité publique en danger. On l’a vu lors du putsch du 22 mars 2012 et lors des affrontements entre militaires « bérets rouges » et « bérets verts »: Les policiers, loin de protéger la population, se sont fondus dans la foule de civils grâce à leur habit de rechange.

Pis, Bamako déborde de véhicules non immatriculés ou à vitres teintées qui circulent librement. Ces voitures non indentifiables peuvent être utilisées par des jihadistes pour perpétrer des attentats. Les assaillants de « La Terrasse », le 6 mars, ne sont-ils pas venus à bord d’un véhicule à vitres teintées ? La promesse du gouvernement d’interdire ces véhicules semble sans lendemain car la plupart d’entre eux appartiennent à des officiers de l’armée, de la police, de la gendarmerie et à de hauts dignitaires du régime.

Un autre facteur d’insécurité reste la facilité avec laquelle on se procure des papiers officiels maliens. La carte d’identité, première pièce d’indentification d’un citoyen, est, dans nos commissariats et postes de gendarmerie, délivrée au premier venu arrivant sans aucun contrôle. N’importe qui se la procure aisément même s’il n’est pas Malien. D’où le nombre croissant de bandits retrouvés à l’étranger avec des pièces d’identité maliennes. On se rappelle le cas de ce commandant de brigade de gendarmerie qui, dans les mines d’orpaillage de Kadiolo (région de Sikasso), délivrait à tout venant des pièces d’identité moyennant la somme de 10. 000 FCFA.
Pour les passeports, c’est pareil. Le leader des « Jeunes Patriotes » ivoiriens, Charles Blé Goudé, n’a-t-il pas été arrêté au Ghana en possession d’un passeport malien ? Quel agent public malien a été poursuivi pour ce crime ?
Dans cet océan d’insécurité où continue de patauger notre pays, seul le chef de l’Etat semble hors d’atteinte. Pour entrer à Koulouba, tous les véhicules sont à présents contrôlés; il est même arrivé, il y a un mois, que celui du secrétaire général soit soumis à un contrôle

Policiers maliens
Policiers maliens


Pour prévenir de nouvelles attaques : que fait l’Etat Malien ?

Dans la nuit du vendredi 6 mars 2015, un attentat terroriste a été perpétré en plein cœur de la capitale. Depuis, les autorités politiques et sécuritaires multiplient les appels au calme, promettant de mettre tout en œuvre pour retrouver les responsables de l’attentat. Pourtant, rien n’est en train d’être fait pour prévenir de nouvelles attaques jihadistes. Nous nous sommes ainsi amusés à faire un tour à la Cité Administrative, siège de la plupart des ministères.

 

 

Au portail de la Cité pointent une quinzaine de gendarmes censés garder 25 ministères. Cela veut dire qu’en cas d’attaque armée, chaque ministre ne bénéficiera pas de la protection d’un gendarme, chose anormal dans un pays en guerre. De plus, l’armement des forces de sécurité déployées à la Cité Administrative n’est nullement impressionnant car ion n’y voitr ni armes lourdes, ni blindés, ni semi-blindés. Et au lieu de se tenir en position débout, prêt au combat, les agents prennent le thé en dévisant comme au village, sous l’arbre à palabres. Pour ne rien arranger, les visiteurs de la Cité Administrative sont soumis à la même méthode de contrôle qu’avant l’attaque jihadiste du 6 mars 2015, ce qui signifie que l’on n’a tiré aucune leçon de ladite attaque.

 

Le reste de la capitale connaît le même laisser-aller sécuritaire. Avant l’attaque jihadiste, il n’y avait aucun risque de tomber sur une patrouille policière dans certains endroits névralgiques de Bamako; c’est toujours le cas. Mademoiselle Fanta Maiga ne nous dira pas le contraire, elle qui a renoncé, le 8 mars, à dîner au restaurant « Le Relax » après s’être aperçue que ledit restaurant, toujours rempli d’Occidentaux, ne bénéficiait d’aucune présence policière après l’attaque jihadiste du 6 mars, commise juste à deux doigts de là. C’est à se demander à quoi servent la police et la gendarmerie !

 

Occupés à tondre les usagers de la route, notamment les véhicules de transport en commun, les policiers postés aux ronds-points n’accordent aucun intérêt à l’application de la loi. On voit ainsi à longueur de journée des véhicules surchargés s’écraser dans les caniveaux, des files de fêtards encombrer les voies, des camions en panne sèche sur les ponts. Même en cas d’accident, les protagonistes, aux fins de constat officiel, doivent aller louer à prix d’or les services des policiers postés tout près de là et qui font mine de ne rien voir. Le convoi du Premier Ministre n’a-t-il pas ainsi été heurté par une benne ?

 
Les agents de police portent presque tous, en dessous de leur uniforme, des vêtements civils qu’ils se sont habitués à arborer quand un événement subit met la sécurité publique en danger. On l’a vu lors du putsch du 22 mars 2012 et lors des affrontements entre militaires « bérets rouges » et « bérets verts »: Les policiers, loin de protéger la population, se sont fondus dans la foule de civils grâce à leur habit de rechange.

 

Pis, Bamako déborde de véhicules non immatriculés ou à vitres teintées qui circulent librement. Ces voitures non indentifiables peuvent être utilisées par des jihadistes pour perpétrer des attentats. Les assaillants de « La Terrasse », le 6 mars, ne sont-ils pas venus à bord d’un véhicule à vitres teintées ? La promesse du gouvernement d’interdire ces véhicules semble sans lendemain car la plupart d’entre eux appartiennent à des officiers de l’armée, de la police, de la gendarmerie et à de hauts dignitaires du régime.

 
Un autre facteur d’insécurité reste la facilité avec laquelle on se procure des papiers officiels maliens. La carte d’identité, première pièce d’indentification d’un citoyen, est, dans nos commissariats et postes de gendarmerie, délivrée au premier venu arrivant sans aucun contrôle. N’importe qui se la procure aisément même s’il n’est pas Malien. D’où le nombre croissant de bandits retrouvés à l’étranger avec des pièces d’identité maliennes. On se rappelle le cas de ce commandant de brigade de gendarmerie qui, dans les mines d’orpaillage de Kadiolo (région de Sikasso), délivrait à tout venant des pièces d’identité moyennant la somme de 10. 000 FCFA.

 

Pour les passeports, c’est pareil. Le leader des « Jeunes Patriotes » ivoiriens, Charles Blé Goudé, n’a-t-il pas été arrêté au Ghana en possession d’un passeport malien ? Quel agent public malien a été poursuivi pour ce crime ?
Dans cet océan d’insécurité où continue de patauger notre pays, seul le chef de l’Etat semble hors d’atteinte. Pour entrer à Koulouba, tous les véhicules sont à présents contrôlés; il est même arrivé, il y a un mois, que celui du secrétaire général soit soumis à un contrôle !


Etat de l’Azawad: Un leurre

Les pourparlers entre le Mali et les groupes ont pris avec un accord de paix paraphé à l’exception de la Coordination des Mouvements Armées (CMA). Ce que la CMA avance pour s’opposer à la signature de l’accord est tout simplement la non-prise en compte des aspirations des populations Azawadiennes. En effet, les populations du Nord ou du moins les groupes armés voulaient une fédération du Mali, avec deux entités (celle de l’Azawad et celle du Mali).

La fédération comme nous la connaissons ne signifie nullement la partition du territoire. Cependant, celle proposée par les groupes armés restait une indépendance qui ne disait pas son nom. Les groupes armés revendiquant l’indépendance du territoire dénommé « Azawad » sont composés en majorité des Touaregs. Une revendication territoriale venant de ce peuple pour qui connait l’histoire du Mali, n’est qu’un leurre. Cela, je le dis pour plusieurs raisons.

La première : les touaregs sont des nomades répartis entre une multitude de fractions éparpillées qui n’ont jamais constitué un groupe cohérent. Leur histoire est une suite interminable d’affrontements inter tribaux. Les différentes tribus les plus fortes n’ont fait qu’écraser les plus faibles. L’illustration parfaite est leur divisions en plus groupes armés qui s’affrontent régulièrement entre eux. Que dire de leurs divergences d’idées autours de la table de négociation.

Comment, comprendre qu’un peuple aussi divisé et nomade puisse gérer un territoire qui s’étend de Kidal, à Douentza (région de Mopti). On comprend dès lors pourquoi, dans le Mali qui fut un pays d’empire et de royaume, il ne s’est jamais constitué un empire ou un royaume Touaregs. La seconde raison qui me pousse à affirmer que constituer un Etat de l’Azawad est un leurre, est toute simple. Le territoire de l’Azawad, comme le traité de paix le délimite, couvre les régions de Gao, de Tombouctou et une partie de celle de Mopti.

Les livres d’histoire nous enseignent que les Touaregs ont toujours payé l’impôt à Sonni Ali Ber, empereur des Songhoi. Comment, comprendre que dans un pays, où, les ressortissants sont attachés à leur honneur, les petits fils de Sonni Ali Ber se soumettent au peuple Touareg. Ces propos peuvent choquer, mais c’est ainsi. Un territoire contrôlé par les Touaregs ne pourra faire que long feu. Et c’est comme ça.Photo Touaregs


Résidence des ministres maliens : le calvaire des policiers de garde

Dans notre dernier billet, nous révélions que la plupart des ministres ne bénéficiaient, à leur domicile, d’aucun dispositif policier de sécurité et que cela les rendait vulnérables à la première attaque d’un bandit armé. Le jour même de la publication de ce billet, le général Mohamed Abdrahamane Ould Meydou, qui s’est illustré contre les rebelles du MNLA, échappait à un assassinat. Suite à quoi, des policiers ont été déployés à la porte de chaque ministre. 

Les policiers de garde bénéficient de très mauvaises conditions de travail. Ils sont, pour la plupart, installés au portail du domicile sur des bancs ou des chaises en mauvais état. Imaginez des hommes assis pendant 24 heures sur des bancs ou des chaises! Devant l’ambassade d’Algérie, par exemple, tout passant peut voir les policiers de garde installés, tels des clochards, sur un banc de fortune, de l’autre côté de la rue, faute de poste de garde en bonne et due forme.

Un petit tour à Sébenicoro nous a permis d’observer les policiers en faction devant la résidence du président IBK. Ils passent toute la journée sous un manguier. Qu’il vente ou qu’il pleuve, ils restent sous le manguier. Le comble, c’est que seuls les policiers subissent ce sort; les autres agents en uniforme affectés à la garde présidentielle bénéficient, eux, d’un poste de travail adéquat. Selon nos informations, la position des policiers déployés chez le chef de l’Etat ne respecte pas les normes sécuritaires. Au lieu qu’une partie d’entre eux se repose pour relever l’autre plus tard, ils sont tous jetés sous le manguier, sans espoir de relève. Qu’un agresseur se présente à une heure indue, et il les trouvera tous dans les bras de Morphée! Comme par hasard, ce n’est que vendredi dernier que l’on a songé à construire au profit des policiers un hangar en face de la résidentielle présidentielle.

Chez plusieurs ministres et chefs d’institutions, il n’y a pas de local permettant aux policiers de garde de se reposer en cas de besoin. Chez le ministre des Mines, Boubou Cissé, par exemple, les policiers de garde passent la nuit à la porte, assis sur de simples cartons, tels des marchands de cola. Outre leurs conditions de travail déplorables, certains policiers de garde subissent des humiliations de la part de certains ministres ou de membres de leur famille. Un ministre dont nous tairons le nom a, un jour, demandé à un policier de laver son véhicule. Refus du policier qui a rétorqué qu’il n’était pas un boy. « Une autre fois, c’est l’épouse d’un ministre qui a crié sur un policier en faction pour qu’il aille ouvrir la porte à visiteur qui sonnait; le policier, vexé par le ton de la dame, lui a répondu qu’il n’était pas là pour recevoir des visiteurs », nous relate une source. Selon plusieurs policiers que nous avons interrogés sous couvert de l’anonymat, la garde au domicile de plusieurs ministres et chef d’institutions est un calvaire. Les policiers n’en veulent plus.

Cependant, ils sont unanimes à saluer le général Sada Samaké, ministre de la Sécurité, un des rares à offrir des conditions adéquates de travail aux policiers détachés à son domicile. « Chez Sada, les agents de garde sont bien logés et nourris; la relève est assurée et nous ne recevons aucune offense », témoigne un policier qui lie les avantages consentis par Sada au fait que celui-ci est un militaire rompu aux pratiques de sécurité. A des ministres qui se plaignaient de certains policiers qui abandonnaient trop tôt leur position de garde, Sada aurait recommandé de mettre les agents dans de bonnes conditions de travail. Pour l’instant, il n’est pas entendu.

Abdoulaye GuindoPhoto policeirs


IBK lâché par ses alliés musulmans : Mahamoud DIcko et autres l’accusent de mauvaise gestion

Le mouvement islamique « Sabati 2012 », qui, sous la houlette du Chérif de Nioro et de Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil Islamique, a largement contribué à porter au pouvoir le président Ibrahim Boubacar Kéita, vient de pointer un doigt accusateur sur le chef de l’Etat. C’était lors d’un forum du mouvement, tenu le samedi 7 février 2015 au Centre International de Conférences de Bamako. Le forum était présidé par le président du Haut Conseil Islamique, Mahamoud Dicko, en présence de Boubacar Moussa Bah, président de « Sabati 2012 », et d’une foule de militants.
La première mèche a été allumée par Boubacar Moussa Bah. Retraçant le parcours de son mouvement, de sa création à nos jours, il a rappelé que « Sabati 2012 » a pris part aux différentes élections (présidentielles et législatives) de 2013. Parlant du président IBK, Bah déclare que les musulmans du Mali, à travers « Sabati 2012 », ont contribué à son élection à la tête du pays. « Mais aujourd’hui, se lamente l’orateur, le peuple dans son ensemble est déçu de la gestion d’IBK. Les attentes n’ont pas été comblées. Le président la République n’a aucune considération pour le peuple malien et il faut que cela change! ». Bah invite donc IBK à écouter la voix du peuple.
Prenant à son tour la parole, le président du Haut Conseil Islamique, Mahmoud Dicko, dénonce la gestion actuelle du pays par IBK. Selon lui, les Maliens, en votant pour IBK à plus de 77%, lui ont confié des missions claires parmi lesquelles figurent en bonne place la résolution de la question du nord, la réconciliation nationale, la refonte de l’armée, la lutte contre la corruption et la délinquance financière, la restauration de l’honneur du Mali. « Aujourd’hui, fulmine Dicko, aucun de ces problèmes ne connaît un début de solution. Pis, la situation du nord se dégrade de plus en plus; la corruption et la délinquance financière atteignent des proportions inquiétantes. Le pays est très mal géré. Le responsable de cette mauvaise gestion n’est autre que le premier responsable du pays en la personne d’Ibrahim Boubacar Kéita. Et bien qu’il reste mon ami, je ne le suivrai jamais dans cette voie au détriment du peuple et de ma religion! ». L’imam Dicko met en garde IBK contre une loi en cours de préparation et qui attribuerait aux femmes un quota sur les listes électorales et dans les postes publics. Il demande à IBK de « se ressaisir très vite pour le bonheur de la nation ». Sans dévoiler les actions qu’ils entreprendraient si le président ne changeait pas de politique, Dicko et les siens promettent de jouer leur rôle d’acteurs de la société civile.
Les déclarations des leaders religieux consacrent une rupture d’alliance entre IBK et les groupes islamiques qui l’ont aidé à prendre le pouvoir. Pourquoi maintenant et pourquoi annoncer la rupture en public ? Chacun y va de sa petite interprétation. Certains estiment qu’IBK a heurté la sensibilité de ses alliés musulmans en participant, aux bras du chrétien Hollande et du juif Netanyaou, à la marche parisienne destinée à soutenir les journalistes caricaturistes du Prophète (paix et salut sur lui).D’autres observateurs considèrent qu’IBK n’a rien donné aux associations islamiques qui l’ont soutenu et qu’il ne les reçoit même pas. D’aucuns croient savoir que les associations islamiques ont très mal pris le départ de Moussa Mara, un Premier Ministre réputé pieux. A tout cela s’ajoute le fait que le Chérif de Nioro, grand manitou du monde religieux malien, n’a guère apprécié l’arrestation du général Sanogo.