Guindo Abdoulaye

Il ne faut pas mourir pour le Mali

Pendant, la guerre d’occupation de mon pays le Mali, nous avons assisté à un phénomène nouveau chez nos soldats : ce phénomène n’était autre que l’interminable « repli tactique». Traités de poltrons, nos soldats fuyards pour justifier leur attitude avançaient très souvent comme argument l’inutilité de mourir pour le Mali du 21e siècle. Pour eux, les autorités actuelles ont perdu toute notion de reconnaissance du mérite.
Ceux qui se sacrifient pour ce pays ne sont plus magnifiés. Je défends cette bien qu’à une époque récente, je ne l’a partageais pas. Ma nouvelle position s’explique tout  par plusieurs constats faits au quotidien. C’est triste pour moi de le dire dans ce billet, mais force est de croire que la reconnaissance du mérite et le devoir de mémoire font défaut sous nos tropiques.

La reconnaissance du mérite pour magnifier les meilleurs d’entre nous et cultiver l’envie d’être meilleur. Quant au devoir de mémoire, il nous oblige à immortaliser ceux qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour notre pays. Hélas, ceux qui meurent pour le pays ne sont plus célébrés. Le sort réservé aux familles des administrateurs froidement égorgés le 17 mai 2014, lors de la visite du premier ministre Moussa Mara, illustre à merveille notre position.

Les parents de ces victimes sont indignés du sort réservé à leurs proches qui ont donné leur vie  pour le Mali. Aucun acte posé jusque-là pour les immortaliser. Que dire des promesses non tenues par les autorités en faveur des épouses et enfants de ceux-ci. Des hommes sont morts dans une circonstance exceptionnelle, les autorités avaient promis aux épouses et enfants une prise en charge pour soulager leur cœur. Plus d’une année après, il n’en est rien. Faites un tour dans certaines de ces familles, vous constaterez le calvaire dans lequel vivent enfants et épouse.

Pourtant, triste est de constater que, les délinquants financiers sont célébrés et même chantés par les griots modernes. Je reconnais qu’une nation forte a pour socle, le sacrifice de ses fils. Mon pays est une nation affaiblie parce que ces fils refusent de se sacrifier. Comment voudriez-vous qu’ils acceptent de mourir pour la nation, lorsqu’on meurt pour rien. Tant que les choses ne changent pas, fuir et fuir sera la devise des Maliens.


Les Maliens n’aiment pas la France, mais aiment ses milliards

Les fameux artistes ivoiriens communément appelés les « DJ » utilisent très souvent dans leur chanson la boutade suivante : « Les gens n’aiment pas les gens, mais les gens aiment l’argent des gens ». Cette boutade pourrait parfaitement illustrer le comportement des Maliens vis-à-vis de la France. Ici, au Mali, en raison de sa gestion de la ville de Kidal, on n’aime pas France, mais à travers une mobilisation populaire nous venons d’accepter ses milliards. Donc, les Maliens n’aiment pas la France, mais aiment son argent.

A l’occasion du retour du président Ibrahim Boubacar Keita de la France, les Maliens sont sortis par milliers pour l’applaudir et dire merci à la France pour les milliards promis par son président François Hollande. On se rappelle qu’après l’occupation des régions nord du Mali par les forces obscurantistes, mes compatriotes et moi avions accueilli avec enthousiasme, la guerre de libération lancée par les forces françaises. Cependant, très vite, nous avions déchanté, lorsqu’à leur arrivée aux portes de Kidal, nos forces armées et de défense ont été empêchées d’y accéder.

Tout le peuple malien pointa un doigt accusateur vers la France, qui quelques semaines avant était fêtée dans toutes les familles. Pour matérialiser cette accusation, les drapeaux français qui flottaient sur les voitures et concessions avaient été incendiés. La France accusée d’être de connivence avec les ennemis de Kidal, est traitée de tous les péchés d’Israël. Certains d’entre nous sont allés jusqu’à décréter le boycott des produits d’origine française. Cette haine vis-à-vis de la puissance coloniale, apparemment, vient de s’estomper avec la visite d’Etat que vient d’effectuer Ibrahim Boubacar Keita.

Qu’allons-nous faire maintenant ?

En effet, au cours de cette visite d’Etat, la France a promis de rester en première ligne dans l’aide au développement du Mali. François Hollande a précisé que l’investissement hexagonal au développement du Mali s’élèverait à 360 millions d’euros (392,15 millions de francs) entre 2015 et 2017. Cette annonce est venue littéralement balayer du cœur des Maliens toute la haine contre la France. Raison pour laquelle, nous, Maliens avions ressorti à nouveau les drapeaux français pour accueillir le président Ibrahim Boubacar Keita.

Sur tout le long du cortège, on entendait des cris du genre « merci la France », « merci IBK », etc. Qu’allons-nous faire maintenant, que nous avons accepté les milliards de la France ? Allons-nous continuer à détester la France et aimer ses milliards ? A Kidal, c’est toujours le statu quo, la raison pour laquelle, on n’aime pas la France prévaut toujours. On n’a pas le choix, la France doit être la bien-aimée ou alors refusons son argent et continuons à la haïr.


Le Mali, terre de justice archaïque

 

Dans la nuit du 5 avril 2014, aux environs de 4 heures du matin, la résidence de l’ancien président Alpha Oumar Konaré fut l’objet d’une attaque par des individus armés. Les présumés assaillants au nombre de 4, ont comparu le vendredi 16 octobre pour répondre des faits à leur reprochés. Si, au terme des débats, la cour a prononcé 2 condamnations et 2 acquittements, ce procès, fut l’occasion pour nous de constater toute l’approximation dans la conduite des enquêtes au Mali.

 
En effet, tout au long des débats, la foule venue assister au procès s’est très vite rendue compte que les accusés reconnus coupables, l’ont été sur la base de simples suspicions. A, aucun moment, la preuve matérielle de la culpabilité des accusés n’a été brandie à la barre par le ministère public. Les seuls arguments avancés par les enquêteurs et soutenus à la barre par le ministère public, selon nous ne devraient pas être reçus par la cour. Sur la base d’un numéro de téléphone retrouvé sur le corps d’un assaillant qui avait été abattu par les agents de sécurité du domicile de l’ancien président, conduit au frère du défunt. Celui-ci est interpellé avec certaines personnes proches du défunt.

 

Tous les interpellés, ont bien évidemment nié les faits. Cependant, ils seront tous placés sous mandat de dépôt, sans preuve irréfutable. Cette affaire et bien d’autres viennent prouver que nos services d’enquêtes sont à des années- lumière des nouvelles techniques d’enquêtes. La loi est claire : le juge d’instruction et les éléments de la police chargée d’élucider les crimes, sont chargés d’apporter les preuves à charge et à décharge. Même, l’aveu ne semble plus être considéré comme une preuve.

 

Le gouvernement d’une part, est en partie responsable de la situation des innocents qui croupissent en prison. Dans un pays, où, des milliards sont détournés par des cadres véreux, quelques milliards pour niveler le niveau des enquêteurs ne doit pas poser problème. D’autre part, les enquêteurs, dans le souci de paraitre performant aux yeux de la hiérarchie ramassent tout ce qui passe par là, au moment du crime. Notre police n’est pas aujourd’hui capable de relever le moindre indice sur le lieu d’un crime susceptible de confondre un accusé.

 

La majeure partie des accusés sont jetés en prison sur la base de suspicions ou de témoignages recueillis après torture. Quant aux juges d’instructions, leur empressement à placer sous mandat de dépôt tout prévenu, atteste de leur mépris du principe qui dit que l’emprisonnement est l’exception et la liberté le principe. Tout le monde semble avoir pris le train du progrès avec ses méthodes modernes, mais le système judicaire malien, quant à lui, est resté à quai.


Personnes portées disparues : que disent la loi et la religion ?

Le drame survenu à Mina le 24 septembre dernier a causé plusieurs morts, blessés et portés disparus. A Bamako selon les autorités le bilan des victimes maliennes s’élève à : 119 morts, 6 blessés et 246 disparus. Si les parents des pèlerins officiellement décédés ont fait leur deuil, ceux des personnes portées disparues sont dans l’inquiétude. Il nous a été donné de constater que dans certaines familles de pèlerins portés disparus, la guerre a commencé au sujet de leurs biens. Nous avons ainsi décidé d’enquêter sur ce que la loi dit sur le porté disparu et de son héritage. Qu’est-ce qu’un porté disparu ? Que dit la loi civile et religieuse de la gestion de ces biens ? Voici autant de questions que nous avons posées à un spécialiste du droit et de la religion.

Le cadre juridique de la disparition

Selon, Aliou Badra Nanacassé, magistrat et conseiller à la cour d’appel de Bamako, la disparition est réglementée au Mali par la loi N° 087 du 30 décembre 2011, à travers le code de la famille et des personnes. De cette loi, aux dires de Nanacassé, 2 notions se dégagent : la notion d’absence et celle de la disparition proprement dite.

La présomption d’absence

En ce qui concerne l’absence, Aliou Badra Nanacassé dit qu’elle est repartie, elle aussi en 2 notions : la présomption d’absence et l’absence proprement dite. Au terme de la loi, il y a présomption d’absence quand un individu cesse de paraître à son domicile connu depuis plus de 3 ans. Cette présomption d’absence doit faire l’objet d’une déclaration au près le tribunal civil du dernier domicile connu du présumé absent par toute personne qui en a intérêt (épouse, enfants, collaborateur, etc.).
Cette déclaration sera ensuite communiquée au procureur qui ouvrira une enquête. Si au bout de l’enquête, le présumé absent reste introuvable, le président du tribunal peut designer un ou plusieurs parents ou alliés, ou, le cas échéant, toutes autres personnes pour gérer tout ou une partie de ses biens, y compris exercer la tutelle sur ces enfants mineurs. Cependant, les personnes désignées peuvent être remplacées par le juge si elles ne gèrent pas convenablement les biens du présumé absent.

L’absence proprement dite

Toujours selon notre interlocuteur, si trois autres années passent sans que le présumé absent ne reparaisse, on parle maintenant d’absence proprement dite. Ici encore, une déclaration d’absence est introduite toujours au près du tribunal du domicile de l’absent. Le parquet à qui la déclaration est transmise ouvre une enquête supplémentaire. Si, cette enquête ne permet pas de retrouver la personne déclarée absente, le président du tribunal rend un jugement déclaratif d’absence. Cette déclaration sera transcrite dans le registre d’état civil, avec le même effet qu’un acte de décès. C’est seulement après ce jugement déclaratif d’absence que la porte est ouverte à la succession : le partage de l’héritage aux ayants droit, la constatation du divorce, etc. Et si la personne déclarée absente réapparaît ? Le magistrat dira qu’elle pourra récupérer ses biens sauf ceux partagés. Quant au divorce, il reste consommé.

Et la disparition ?

Au vu de la loi, le disparu est la personne qui a cessé de paraitre à son domicile suite à des événements de nature à mettre sa vie en danger (tremblement de terre, inondation, bousculade, etc.), alors que même son corps n’a pas été retrouvé. Au sujet de la disparition, Aliou Badra Nanacassé explique que là-bas aussi, la disparition peut être déclarée par requête du procureur de la République ou par toute autre personne intéressée, peut importe le lieu de la disparition. Si le tribunal estime que le décès n’est pas confirmé, il peut demander un complément d’information auprès du pays où l’accident a eu lieu. Ensuite, il est rendu un jugement de déclaration de décès qui est applicable à tous. Cet acte qui est transcrit dans l’état civil a valeur d’acte de décès.
« A partir de cet instant, la succession du disparu est ouverte. L’héritage est partagé en fonction de la coutume des intéressés », a affirmé Aliou Badra Nanacassé. Si le disparu réapparait, le procureur de la République, l’intéressé ou tout individu peut poursuivre l’annulation du jugement. Dans le cas précis de la bousculade de Mina, notre interlocuteur estime que les déclarations de disparition ne pourront être reçues qu’après le bilan définitif des autorités saoudiennes, repris ensuite par celles du Mali.
Pour l’instant, les recherches continuent et tous les pèlerins n’ont encore officiellement quitté le territoire saoudien. Donc, à en croire Aliou Badra Nanacassé, dans le cas précis de la bousculade de Mina, à cette étape, personne ne peut prétendre s’attaquer à l’héritage d’un porté disparu.

Que dit la religion ?

La religion musulmane que nous pratiquons traite aussi la question de la disparition. Selon Bakary Almamy Coulibaly, maitre coranique à M’Péssoba, si une personne est déclarée disparue ou absente, aucune action ne doit être entreprise en ce qui concerne l’héritage avant 4 ans. A en croire notre interlocuteur, c’est après avoir patienté pendant 4 ans que la famille peut procéder au partage de l’héritage du disparu. En ce qui concerne l’épouse du disparu, s’il en a une, elle doit à partir de la 4e année de la disparition de son époux, observer les 4 mois et 10 jours de deuil. Après cette étape de deuil, le divorce est officiellement constaté. Elle bénéficie aussi de sa part d’héritage conformément à la religion. Comme dans le cas de la loi civile, si le disparu réapparait, il ne pourra rien prendre à son épouse remariée. Cependant, il pourra récupérer les biens non partagés.


La Minusma ou le paradoxe malien

Après la libération des régions nord du Mali par la force Serval, l’ONU créa la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Créée le 25 avril 2013 par la résolution 2100 du Conseil de sécurité des Nations unies, la Minusma a pris le relais de la Mission internationale, de soutien au Mali sous conduite africaine (Minusma) à partir du 1er juillet 2013.
Depuis son déploiement, la Minusma par ses agissements est l’objet de plusieurs griefs de la part des Maliens. Un malentendu assez profond s’est installé entre la Minusma et les Maliens. Sur la base de ce malentendu, les Maliens demandent à travers des marches de protestation le départ pur et simple de la mission onusienne. Cependant, j’ai relevé dans cette hostilité vis-à-vis de la Minusma un paradoxe, que j’appelle le paradoxe malien.

En effet, la plupart des Maliens qui demandent le départ de la mission le dimanche sont les mêmes qui le lundi déposent des demandes d’emploi dans les services de celle-ci. A côté de cette forte demande d’emplois des chômeurs maliens, les différentes associations de mon pays inondent les bureaux de la Minusma de sollicitation de financement pour leur projet. Que dire des nombreux prestataires de service du Mali qui soumissionnent aux offres de la mission.
Mon grand-père aimait à me dire qu’on ne pouvait pas aimer une chose et son contraire. Malheureusement, l’attitude de nous Maliens pourrait parfaitement illustrer cette assertion de mon grand-père. Vu que l’ensemble du peuple malien souhaite que la Minusma, aide le Mali à reconstruire son Etat et à faire prévaloir son autorité sur toute l’étendue de la République dans le respect de son intégrité territoriale, j’estime que l’idéal serait de faire pression dans ce sens. C’est là, la question fondamentale.


Burkina Faso : Quand la transition donne un prétexte aux putschistes

« Au lieu d’en vouloir à l’endroit, où tu as chuté, tu ferais mieux de t’en prendre à là, où, tu as trébuché » dit un adage de chez moi. Cette assertion pourrait bien illustrer la situation qui prévaut actuellement chez mes frères du Burkina Faso. En sentinelle de la démocratie, les hommes intègres, au risque de leur vie tentent d’empêcher le coup d’Etat perpétré par Gilbert Diendéré. En fervent démocrate, je suis de cœur avec le peuple Burkina et condamne avec fermeté cette façon de prendre le pouvoir. Cependant, je comprends les putschistes. Ce coup de force serait –il arrivé à un mois des élections, si la transition avait joué franc jeu ? Je dis non. La gestion partial de la transition par le président Michel Kafando, justifie à plus d’un titre le putsch.

 

C’est suite à une insurrection populaire que le peuple avait mis fin au règne du président Blaise Compaoré. Propulsé à la tête du pays comme président de la transition, Kanfondo et son équipe avaient pour mission d’organiser des élections inclusives. Je ne sais pour quelle raison, la transition a accumulé des erreurs. La première a été d’exclure des candidats sous prétexte qu’ils ont servi l’ancien régime de Blaise Compaoré. Avoir servi un ancien régime ne constitue pas à ce que je sache un crime. La constitution du Burkina Faso dans son article 12, stipule : « Tous les Burkinabè sans distinction aucune, ont le droit de participer à la gestion des affaires de l’Etat et de la société. A ce titre, ils sont électeurs et éligibles dans les conditions prévues par la loi ».

 
On comprend, alors que la mise à la touche de certains candidats par les organes de transition a donné un prétexte au Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Seul le peuple souverain du Burkina Faso avait le droit d’exclure ces candidats par un vote sanction. Rousseau, ne nous disait –il pas que le seul Etat légitime est celui où le peuple exerce lui-même la souveraineté. La seconde erreur commise par les organes de la transition a été leur ferme volonté de dissoudre le RSP. J’estime que seul un président légitimement élu puisse envisager de le faire. Accumulant, les erreurs, les organes de la transition, sans le savoir donnaient un prétexte à tout putsch. Sans offrir un chèque en blanc au général Diendéré, je n’ai aucune raison de douter de ses motivations.

 

Pour l’instant, sans connaitre les personnes qui seront les prochains tenants de cette nouvelle transition qui s’ouvre, je souhaite que la leçon soit retenue. Pour éviter de revenir en arrière, la médiation conduite par le président Sénégalais, Macky Sall, doit exiger qu’elle soit conduite par des démocrates et des vrais. Car, seul le peuple doit trancher, et seuls les vrais démocrates le savent. Pour l’instant, il ne nous reste plus qu’à prier pour le repos de l’âme des personnes mortes pendant les manifestations et souhaiter prompte rétablissement aux blessés.


Faire les élections sans Kidal, car elle n’est plus Malienne

 

Après trois reports successifs, les élections communales et régionales doivent se tenir au Mali, le 25 octobre prochain. Ces élections tendent inéluctablement vers un énième report. Tel est, en tout cas le souhait exprimé par plusieurs acteurs engagés dans le processus. L’opposition, la majorité présidentielle, une partie de la société civile et la Coordination des mouvements de l’Azawad, disent toutes non à la date du 25 octobre.

 
Les raisons avancées sont entre autre l’insécurité dans le nord du Mali et dans une partie du centre. Dans ces conditions, comment battre campagne ? Comment sécuriser les opérations de vote ? Entre les structures de l’Etat (ministère de l’administration territoriale, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et la Délégation générale aux élections), favorables au maintien de la date du 25 octobre et les pros reports, j’opte pour le camp des premiers.
En effet, pour qui connait mon pays, le Mali, il n’y a jamais eu de problème du nord. Par contre, il n ‘y a toujours pas eu un problème Kidal. Lorsque les hommes politiques de mon pays veulent parler de Kidal, ils emploient le qualificatif « nord », comme de peur d’heurter la sensibilité de certaines personnes. Je dirai plus haut, ce que ces hommes politiques poltrons pensent très bas. Il s’agit de tenir les élections dans les autres localités du nord sans Kidal. Cette localité ne sera jamais prête pour ne pas dire qu’elle est devenue irrécupérable pour les autorités maliennes. Nous avons perdu Kidal.

 

Oui, je pèse mes mots, le Mali a de moins en moins de chance de récupérer la région de Kidal. Les raisons ? Après avoir chassé l’armée de Kidal, la CMA fait la loi dans la cité. Elle interdit même toutes opérations électorales sur le territoire de l’Azawad, oubliant son engagement à reconnaitre l’intégralité du territoire Malien. En outre, Kidal faisant l’objet d’enjeux géostratégique est verrouillée à double tour par les forces française et onusienne.
Que dire de l’accord d’Alger qui prévoit le désarmement et le cantonnement des combattants, sans qu’ils ne soient encore effectifs. La communauté internationale, garante de cet accord ne pipe mots. Aucune, autorité politique n’a le droit de mettre les pieds à Kidal sous prétexte que les conditions sécurités ne sont pas réunies. Pourtant, je vois les leaders de la CMA parader dans rues de Bamako à bord de véhicules de luxe. Pour tous les Maliens qui rêvent d’un Mali unifié doivent se réveiller de leur long sommeil. Kidal ne fait plus partie du Mali.


Violations des droits de l’homme au Mali : la justice transitionnelle pour soulager les victimes

Du jeudi 3 au vendredi 4 septembre 2015, les hommes de médias du Mali (journalistes et certains blogueurs ont pris part a un atelier de formation sur le concept de la justice transitionnelle. Organisé par le programme conjoint des Nations unies d’appui à la promotion des droits de l’homme au Mali (PDH), cet atelier avait pour but d’expliquer aux hommes de médias le concept de justice transitionnelle et solliciter leur contribution dans sa mise en œuvre.

Après cet atelier, je me suis engagé à accompagner mon pays dans cette quête de justice. Pour matérialiser mon soutien, une série de billets sera publiée sur mon blog traitant de tout sur la justice transitionnelle. Ce présent billet situe le contexte qui a conduit à la mise en place d’une justice transitionnelle et ce qu’il faudrait entendre par ce concept. Vous n’êtes pas sans savoir qu’au cours de l’année 2012, mon pays le Mali a connu la page la plus noire de son histoire.

Cette page noire a été marquée par les pires violations des droits de l’homme notamment en 2012. Que d’images de viols commis sur les femmes, d’amputations et de lapidations. Que dire de l’image de nos soldats ligotés, puis tués de sang-froid par balle ou égorgés et souvent éventrés. Sans oublier les pillages des écoles, des centres de santé, des sites historiques et de tous les symboles de l’Etat. Face à ces nombreux cas de violations des droits humains, les autorités du Mali étaient devant un dilemme : quel chemin choisir entre la justice et l’impunité ? Bien évidemment elles ont opté pour la voie de la justice.

Cependant dans cette volonté de rendre justice, les plus hautes autorités et acteurs de la société civile ont très vite compris que notre appareil judiciaire n’était pas préparé à faire face à ce besoin de justice. C’est ainsi qu’il a été envisagé la mise en œuvre d’une justice transitionnelle. Justice transitionnelle ! C’est quoi ce machin-là ? C’est l’ensemble des divers processus et mécanismes mis en œuvre par une société pour tenter de faire face à des violations des droits de l’homme commises en vue d’établir les responsabilités, de rendre la justice et de permettre la réconciliation. Selon, Maurice Kamto : « Elle est une justice de passage vers autre chose, vers un ailleurs stabilisé où l’on retrouve la normalité de la justice traditionnelle dans ses logiques institutionnelles ».

Cette justice est dite transitionnelle parce qu’elle s’inscrit dans un contexte de transition; par exemple, d’une dictature à un système démocratique, d’un Etat de conflit à un Etat de paix, comme le cas de mon pays. La justice transitionnelle repose sur 4 piliers fondamentaux qui sont : le droit de savoir, le droit à la justice, à la réparation et le droit aux garanties de non-répétition. Ce premier billet sur la justice transitionnelle s’arrête ici, avec la promesse que le prochain tentera d’expliquer le type de justice transitionnelle qui conviendrait à mon pays le Mali. En effet, la justice transitionnelle n’a pas de modèles parfaits et ses mécanismes peuvent prendre des formes multiples qui varient en fonction du contexte.


Journée mondiale du blog au Mali : « Doniblog » continue la promotion

Le lundi 31 août 2015,le monde entier a célébré la journée internationale du Blog. Au Mali, nous blogueurs, surtout les  membres de l’association « Doniblog » l’avons fêtée. Si dans certains pays cette célébration a été festive, moi et mes amis l’avons célébrée autrement. Vu que le phénomène du blogging est méconnu sous nos tropiques, l’association a mis à profit cette journée pour faire connaître le blogging à nos concitoyens. Quel pouvait être le créneau idéal pour toucher le plus grand nombre de Maliens ?

Après moult réflexions, je suis arrivé à la conclusion avec mes collègues que les radios libres sont écoutées par 70 % des habitants. Ainsi, pour cette journée, on a décidé de passer par ce canal pour expliquer ce qu’était un blog, un blogueur, etc. Nous avons sollicité et obtenu un temps de parole sur les ondes de 2 radios : la radio nationale « Chaîne 2 » et la radio de la Mission des Nations unies au Mali, la radio « Mikado ».

Sur ces 2 radios, j’ai eu le privilège d’expliquer aux auditeurs ce qu’il fallait entendre par le concept « blog ». Il a aussi été question de la différence entre un blogueur et un journaliste, sans oublier les avantages et les risques qui sous-tendent cette activité. Le journaliste de la radio « Mikado » en homme averti n’a pas manqué de constater que le blogging n’était pas connu des Maliens. Belle occasion pour moi d’exposer les grandes lignes de notre projet intitulé « Impact Mali ».

Ce projet, en effet, consiste à sensibiliser constamment les jeunes du Mali sur l’importance du blog et des réseaux sociaux. En outre, ce projet reste une opportunité que notre association offre à tous les acteurs du Web de se rencontrer et d’échanger sur l’avenir des médias au Mali. Mon interlocuteur s’étonne : « Dans un paysage déjà saturé par les médias traditionnels qui sont la télé et la radio, pourquoi une telle obstination à faire la promotion de ce nouvel instrument de communication ?

Réponse : en plus d’être un élément de contrainte, les blogs peuvent et doivent servir d’outils pour le développement de nos sociétés. Les concepts « Mousser contre Ebola » et « Marre des chauffards », lancés par les blogueurs en Côte d’Ivoire, demeurent des exemples. « Avec, le blog, nous pouvons changer le monde », phrase que j’ai ajoutée en substance. Amener les Maliens à être des accrocs des réseaux sociaux, par ricochet le blogging, reste un rêve à « Doniblog». Ce rêve, nous le croyons réalisable, car certains l’ont réalisé sur d’autres cieux, pourquoi pas nous.


Pour que les océans et les mers ne soient pas des cimetières

Pour faire fortune et surtout fuir les difficultés qu’ils rencontrent dans leur pays, plusieurs milliers de jeunes Africains, notamment de mon pays le Mali, prennent la route de l’exode. La difficulté à obtenir un visa pour accéder aux pays européens et la création de l’espace Schengen ont fait de l’émigration clandestine la seule issue pour ces jeunes. Cette forme d’immigration est cependant meurtrière.

En effet, entassés dans des barques de fortune, ces immigrés meurent par milliers.Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 2 000 migrants sont morts ou disparus en Méditerranée depuis janvier et l’organisation indique qu’à ce rythme ce chiffre pourrait atteindre 30 000. Que faire que l’Atlantique ne soit plus un cimetière pour nos migrants ?

Malgré ces drames, j’estime que nos jeunes qui partent tenter leur chance en Europe doivent continuer de le faire. Loin de moi la volonté d’encourager l’immigration clandestine. Les quelque 4 millions de Maliens qui vivent à travers le monde transfèrent chaque année, selon, la Banque africaine de développent la somme de 456 millions d’euros. Je suis moi même fils d’immigré. Donc, je ne peux qu’encourager l’immigration, mais la régulière.

L’immigration, étant un phénomène culturel dans mon pays, il serait préférable qu’elle soit organisée. Cette organisation passe d’abord par plus de sensibilisation sur les risques de l’immigration clandestine. Je propose qu’il soit démontré aux candidats à l’immigration que l’Europe d’aujourd’hui n’est pas celle des années de prospérité où ce continent avait besoin d’une main-d’œuvre bon marché.

En outre, il faudrait créer des bureaux de recensement des candidats à l’immigration. Ces bureaux en collaboration avec les pays d’accueil pourraient faire partir ceux dont les profils correspondent aux offres d’emplois disponibles. L’essentiel est toutefois la lutte contre la pauvreté, seul remède efficace contre le drame de l’immigration.